Un nouveau rapport sénatorial alerte encore sur la dégradation des ponts en France
Trois ans après un premier rapport alertant sur l'état des ponts en France, un nouveau rapport sur la question va être présenté au Sénat ce mardi. Et le constat est sans appel. Les sénateurs reconnaissent qu'il y a eu une prise de conscience de l'État sur la question, mais que les mesures sont insuffisantes.
Le premier constat de ce nouveau rapport, c’est qu’il est aujourd’hui impossible de connaître le nombre exact de ponts en France. Un “travail colossal” de recensement est nécessaire pour les sénateurs, qui estiment leur nombre entre 200.000 et 250.000.
90% gérés par les collectivités territoriales, le reste par l'Etat. Mais dans près de 10% des cas, il n’y a aucun propriétaire connu. Et dans les faits, ces ponts ne sont entretenus par personne, comme l'explique Bruno Belin, sénateur LR, rapporteur de la mission d'information invité ce mardi sur RMC.
"Nous avons des ouvrages d'art fatigués, usés structurellement. Et puis le premier constat de ce rapport c'est qu'on ne sait pas combien on en a car aucun recensement n'a jamais été fait. On a des ponts orphelins, sans propriétaire", indique-t-il.
De plus en plus de ponts en mauvais état
Deuxième constat, le nombre d'ouvrages en mauvais état augmente. Selon le rapport, entre 30.000 et 35.000 ponts posent des problèmes de sécurité. C'est 5.000 à 10.000 de plus qu'il y a trois ans. Près d'un quart des ponts gérés par les communes sont par exemple en mauvais état structurel.
"Cela ne s'est pas amélioré pour deux raisons simples. Beaucoup de nos infrastructures sont soit de la fin du XIXe siècle, soit ont été faites à la reconstruction après la Seconde guerre mondiale. Et depuis, il est facile de comprendre que le volume de circulation et le tonnage de la circulation n'est pas le même. Le tonnage des années 60 et celui des années 80 n'a rien à voir. Et puis quand vous avez des ponts en pierre, ils subissent encore plus les différences climatiques que l'on ne connaissait pas il y a quelques décennies. Donc cette fragilité structurelle, elle existe, il faut aujourd'hui la diagnostiquer", appuie Bruno Belin.
Il faudrait entre 2,2 et 2,8 milliards d'euros pour les réparer selon les sénateurs, qui regrettent que les moyens déployés ne soient pas à la hauteur des enjeux. Au rythme actuel, seuls 300 à 500 ouvrages parmi les plus sensibles devraient pouvoir bénéficier d'une étude approfondie. Soit seulement 3% des ponts les plus dégradés du pays.