LGV Sud-Ouest: "J'ai arrêté le prélèvement automatique", ces habitants refusent de payer la taxe

Les opposants à la ligne grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse se réunissent ce week-end au sud de la Gironde, à Lerm-et-Musset, à 3 km du tracé de la future ligne. Et ce malgré l'interdiction par la préfecture de manifestations qui redoute des "actions violentes" et "de graves troubles à l’ordre public". "L'objectif n'est pas de laisser s'installer une ZAD", a affirmé vendredi à l'AFP le préfet de la Gironde, Etienne Guyot.
Un hélicoptère visé par des tirs de mortiers
Selon les gendarmes, 800 à 1.000 personnes, dont une "forte proportion" de militants radicaux encagoulés, étaient présentes vers 08h, dont une vingtaine de "fichés S" et des personnes déjà contrôlées lors de manifestations contre l'A69 en Occitanie. Un hélicoptère des forces de l'ordre surveillant la zone a été visé par des tirs de mortiers d'artifice, sans faire de blessés ni causer des dégâts.
Des habitants ne veulent plus payer la taxe spéciale
Pour ce week-end d’actions "Freinage d’urgence", organisé par les Soulèvements de la Terre et le collectif LGV Non Merci, un campement a été installé dans les champs pour accueillir les sympathisants venus de France entière.
Au programme, des prises de paroles mais aussi des mobilisations dont le lieu et l’action ne sont pas précisés, et ce pour faire savoir que cette vallée serait menacée par le projet ferroviaire. Un grand projet inutile" d'une quinzaine de milliards d'euros, dénoncent les opposants.
La TSE, nom de cette taxe spéciale qui finance le projet de ligne à grande vitesse, Philippe a décidé d'arrêter de la payer, même si cela ne représente que quelques euros. "C'est pour le principe. Cet argent-là, je trouve ça totalement anormal que ce soit pour un projet qui va massacrer notre territoire et couper la commune en deux. C'est inadmissible", explique-t-il au micro de RMC. "Je préfèrerais mettre cet argent pour les hôpitaux ou l'Education nationale." Dans le chef-lieu de la mobilisation de ce week-end au sud de la Gironde, de nombreux habitants ont aussi fait la démarche.
"J'ai arrêté de faire le prélèvement automatique pour ne pas payer. J'ai reçu un message des impôts me disant que je n'avais pas le droit. Dans les faits, concrètement, il ne s'est rien passé", explique Ludovic
Les associations ont même réalisé un petit livret pour expliquer les démarches à faire pour ne pas payer la taxe. "L'argent, c'est le nerf de la guerre. On veut taper là-dessus. On prend le risque d'avoir une majoration, une pénalité de 10% sur 5 euros. Ce n'est pas grand-chose mais on prend le risque", explique Françoise, représentante de l'association LGV Nina. Cette taxe doit être prélevée aux habitants des communes concernées chaque année pendant 40 ans.
Des travaux ont commencé au nord de Toulouse mais l'autorisation nécessaire à des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), préalables au chantier de la LGV lui-même attendu en 2028, reste à délivrer d'ici fin novembre. La LGV vise à relier, en 2032, Toulouse à Paris en trois heures et dix minutes, gagnant une heure sur l'itinéraire actuel. Un embranchement traversant l'est de la forêt landaise doit rallier Dax à Bordeaux en vingt minutes de moins et, un jour, permettre des liaisons directes avec l'Espagne.
Les opposants dénoncent l'artificilisation d'environ 5.000 ha
Les opposants - élus et parlementaires locaux, habitants, sylviculteurs ou viticulteurs - dénoncent un projet "mortifère" qui conduirait selon eux à l'artificialisation d'environ 5.000 hectares, en traversant notamment la vallée du Ciron, affluent de la Garonne, où se trouve une hêtraie ancestrale.