Vers une nouvelle écotaxe poids lourds? "On veut tuer le transport routier, ce n'est pas possible"

A peine arrivé, le nouveau ministre des Transports est déjà sous la pression des routiers. L'Union des entreprises de transport et de logistique (TLF) a mis en garde ce mardi le gouvernement contre les "conséquences graves" d'une écotaxe sur les poids lourds, que le ministre des Transports, François Durovray, n'a pas exclue.
La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) doit voter le 21 octobre sur une taxation des poids lourds qui empruntent la principale autoroute alsacienne. Dix ans après le fiasco d'une écotaxe nationale, l'idée est notamment de réduire le passage de camions qui empruntent l'axe alsacien pour éviter une taxe équivalente en Allemagne. Selon une étude d'impact, son montant pourrait être de 15 centimes par kilomètre, rapportant 64 millions d'euros par an à la collectivité.
Le nouveau ministre des Transports renvoie la balle à Michel Barnier
Interrogé sur une telle taxe mardi sur TF1, le nouveau ministre (LR) des Transports n'a pas répondu directement mais a indiqué qu'il fallait "des recettes" pour répondre aux "très grands défis d'investissement, des défis qu'il faut partager avec les Français".
François Durovray a notamment évoqué "la maintenance" des infrastructures de transport routier et ferroviaire, "mais également la transformation de ces équipements pour réussir la transition écologique, pour mettre également plus de transports publics".
Il a toutefois renvoyé à la déclaration de politique générale que doit prononcer le 1er octobre le Premier ministre Michel Barnier pour toute annonce.
"Il appartiendra au Premier ministre d'indiquer ses priorités", a-t-il déclaré.
Le projet d'une écotaxe pour poids lourds avait été abandonné en 2014 par le gouvernement, confronté à la fronde des "Bonnets rouges" déclenchée en Bretagne.
"Ils ne pensent qu'à la SNCF et Air France et nous, on nous laisse dans la merde"
En attendant, les chauffeurs routiers comme Matthieu, du Morbihan, s'alarment déjà de ce qu'ils estiment être un mauvais signal. "On veut tuer le transport routier, ce n'est pas possible! On se fout de la gueule du monde".
"Le transport routier en France est à l'agonie, on est surtaxés. Les transporteurs étrangers, payés 1.000 euros, par mois, sont avantagés. Ils sont pas chers donc ils prennent tout le boulot", note-t-il.
"Venez sur une aire d'autoroute le soir et comptez le nombre de camions français. Le reste, c'est que des Polonais, des Roumains, des Ukrainiens, qui sont exploités en plus", souffle Matthieu.
"Il manque des chauffeurs et on veut taxer encore plus les transporteurs? Il faut arrêter. De toute façon, chaque nouveau ministre des Transports ne s'occupe que de la SNCF et d'Air France. Nous, on nous laisse dans la merde", conclut-il.