RMC
Transports

Abandon de l'écotaxe: pourquoi l'État paie encore des milliards à cause de cette décision?

placeholder video
L'écotaxe continue de coûter de l'argent à l'État, plusieurs années après son abandon par le gouvernement sous la présidence de François Hollande. La France a été condamnée à verser, jeudi, plusieurs dizaines de millions d'euros à des sociétés de télépéage.

L'État a été condamné, jeudi, à verser plusieurs dizaines de millions d’euros à des sociétés de télépéage, conséquence de l’abandon de l’écotaxe en 2016. L’Etat va devoir indemniser ces entreprises qui avaient acheté des petits boitiers qui devaient équiper tous les poids lourds circulant en France. Ces boîtiers devaient être enregistrés par les fameux portiques ultra modernes qui avaient été installés partout en France.

Cette idée "géniale", trouvée en 2007 sous le gouvernement Fillon était censée permettre de taxer les poids lourds français et étrangers circulant sur les routes nationales. Elle devait rapporter 1,2 milliard d'euros dans les caisses de l'État, notamment pour entretenir le réseau routier.

Les bonnets rouges ont eu raison de l'écotaxe

Mais rien ne s'est passé comme prévu. Le mouvement des bonnets rouges, qui a inspiré plus tard les gilets jaunes, a eu raison de l’écotaxe. En 2013, juste avant l'entrée en vigueur de la taxe, ce sont des Bretons qui se sont rebellés. Il y avait des agriculteurs, soutenus par leur syndicat, la FNSEA, des transporteurs routiers, les premiers concernés par la taxe, mais ils ont vite été rejoints par les salariés des abattoirs de Gad, dont les emplois étaient par ailleurs menacés.

Votre morning d'actu autour d'Apolline de Malherbe, chaque matin entre 6h30 et 9h. Un journal complet toutes les demi-heures pour bien attaquer la journée, de l'approfondissement avec Nicols Poincaré et Emmanuel Lechypre, de l'engagement auprès de nos auditeurs avec Amélie Rosique et son équipe de RMC s'engage avec vous, de l'humour à 7h20 et 8h20 avec Arnaud Demanche, la participation active de nos auditeurs au 3216, et des interviews incisive à 7h10, 7h40 et 8h10. Enfin, le rendez vous politique incontournable entre 8h30 et 9h avec le Face à Face d'Apolline de Malherbe. Appoline matin c'est votre réflexe info et notre plaisir quotidien !
Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Abandon de l'écotaxe, l'Etat condamné à payer - 02/02
3:47

Enfin, ils ont été soutenus par les artisans, les commerçants, les petits entrepreneurs. Tous ceux qui utilisaient des camions et qui allaient devoir payer. Il y a eu des blocages, des occupations de ponts, des manifestations et finalement les premiers démontages des portiques écotaxes. Une vingtaine ont été cassés, brûlés ou démontés. D'abord en Bretagne puis dans toute la France.

Le mouvement prenait de l’ampleur, il semblait impossible à arrêter. François Hollande a jeté l’éponge. Avec sa ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, ils ont décidé d’abord le report, puis l’abandon de la taxe poids lourds.

Une facture de 10 milliards d'euros

Cet abandon coûte encore de l'argent à l'État. La facture totale est estimée à 10 milliards d’euros. Il avait fallu construire environ 174 portiques qui ont coûté chacun entre 500.000 et un million d’euros, équipés de caméras et de rayons laser, et environ 150 bornes qui ressemblaient à des radars, également été abandonnées.

Mais le plus cher a été l'indemnisation de l’entreprise qui devait gérer le système. L’État avait sous-traité la collecte de cet impôt à une société privée. Une entreprise italienne en l'occurrence: Autostrada qui s'était associée à Thalès, à la SNCF et à SFR au sein d’un consortium nommé Ecomove. Ce dernier avait signé un contrat en béton. En cas d’abandon du projet, la société devait toucher des indemnités énormes.

Une autre utilisation ?

Dix ans après, ces portiques sont toujours là. Ils n'ont pas été démontés parce que le démontage coûte cher. 40.000 euros au moins pour chaque portique. Des régions pourraient également vouloir relancer l'idée de taxer les poids lourds. L'Alsace y a pensé, avant de renoncer.

Ces portiques pourraient aussi servir à mettre en place des files réservées au covoiturage. Les caméras permettraient de contrôler qu’il y a bien au moins deux passagers dans les files réservées, comme aux États-Unis. En attendant, ces installations sont toujours là, comme le symbole d’un échec très coûteux, d’une fausse bonne idée.

Nicolas Poincaré