Un couvre-feu pour les mineurs dans l’Aisne: "Des enfants de cet âge n'ont rien à faire dans la rue"

Poubelles retournées dans les rues, boîtes aux lettres arrachées… À Origny-Sainte-Benoite, des jeunes attendent la tombée de la nuit pour dégrader cette petite commune de l’Aisne. Pour lutter contre cette délinquance juvénile, un arrêté pris jeudi dernier interdit aux mineurs de moins de 15 ans de circuler seuls la nuit. Francis Delville, maire de la ville, s'exprime sur RMC.fr.

Francis Delville, maire d’Origny-Sainte-Benoite.

"On a instauré cet arrêté à la suite des nombreuses dégradations survenues dans notre commune depuis quelques temps. Une petite bande de jeunes âgés de 10 à 15 ans, qui ne veulent manifestement pas rester pas chez eux le soir, se promènent toutes les nuits de 18 heures du soir à 5 heures du matin dans les rues.

"Dès que les lumières s’éteignent, ils font le chahut"

On les voit tout le temps. Dans un premier temps, ils sont très gentils, très simples, très cordiaux. Mais dès que les lumières s’éteignent, à 23 heures, ils font le chahut dans toutes les rues. Ils cassent les volets, arrachent les boîtes aux lettres, démontent les panneaux indicateurs, étalent les poubelles dans les rues… Ils font tout ce qu’ils peuvent faire.

Une autre catégorie de jeunes, qui sont au moins majeurs puisqu’ils roulent en voiture, se contente de stationner tranquillement. Je discute avec eux comme je discute avec les petits de 10-12 ans. La seule différence est que je ne rencontre aucun problème avec les majeurs. Ils écoutent de la musique et boivent leur bière ou leur jus. Je leur dis tout simplement de ne pas faire de désordre, de ne pas en mettre partout. Les seuls difficultés que l’on a, c’est avec les petits jeunes, qui sont désagréables au possible.

"Des enfants de cet âge-là n’ont rien à faire dans la rue aussi tard"

Si les parents les laissaient rentrer chez eux, il n’y aurait pas tous ces problèmes. J’ai plutôt l’impression qu’ils sont tranquilles quand ils ne sont pas là. J’en ai profité pour assister aux réunions de parents d’élèves et leur dire qu’il fallait faire attention, que les enfants devaient rentrer à une certaine heure car ce n’est pas normal que l'on retrouve des ados de 10 à 15 ans traîner toutes les nuits. Comme on a vu que ça ne bougeait pas et que tout le monde venait se plaindre dès l’ouverture de la mairie, on en a profité pour instaurer cet arrêté.

Les parents ne comprennent pas que les enfants doivent être rentrés. Des enfants de cet âge-là n’ont rien à faire dans la rue aussi tard. Il faut inciter les parents à les garder chez eux car passé une certaine heure, ils ne sont plus tenables. C’est surtout pour leur sécurité et la tranquillité des gens. Et s’ils ne respectent pas l’arrêté, la gendarmerie se met en droit de les ramener chez leurs parents pour un premier avertissement ou de les ramener directement en brigade afin que les parents viennent les récupérer le matin."

Propos recueillis par Julie Breon