"Un digicode, ça ne rend aucun service": les gardiens d'immeuble font un retour en force dans les HLM

Les bailleurs à travers tout le pays veulent remettre de l'humain dans leurs halls d’immeubles. À Maurepas, un quartier sensible au nord de Rennes, il y a 1600 logements HLM, une dizaine de tours, des bars d’immeuble… Et au milieu de tout ça six gestionnaires de site, c’est comme ça qu’on appelle ces gardiens. Comme Philippe qui travaille ici depuis cinq ans. Son métier, c’est de gérer les petits tracas du quotidien.
“Ça peut être des petites réparations par-là, de la médiation. Chaque jour, c’est surprise, il y a des bonnes et des mauvaises… Des dégradations, du pipi jusqu’aux vitres cassée. Plus on est présent sur site, plus on a une réactivité et moins les locataires souffrent longtemps”, explique–t-il.
À ses côtés, Cindy. Cette ancienne chargée de clientèle, travaille à Maurepas depuis deux ans où elle est devenue bien plus qu’une simple gardienne. “J’ai des dames seules qui ne savent pas lire le français qui viennent vers moi pour traduire le courrier, pour savoir à qui s’adresser. Ce ne sont pas toujours des questions par rapport à l’appartement, mais en fait, c’est la proximité, on essaie de répondre à leurs questions”, détaille-t-elle.
De l'humain et du service
Cette relation privilégiée, elle est d’ailleurs plébiscitée par les bailleurs sociaux. Ils sont unanimes. Après les avoir délaissés pour des raisons financières, ils réembauchent massivement des gardiens d’immeuble. “Un digicode, c’est génial, mais un digicode ça ne rend aucun service, c’est bête et méchant. C’est de l’intelligence artificielle sans plus, mais il n’y a pas de réflexion. Un gardien d’immeuble a une réactivité beaucoup plus importante et comme il vit dans le quartier, c’est quelque chose qui l’intéresse au premier plan”, explique Hugues Vernadet qui dirige un centre de formation.
À Maurepas, pendant l’interview, Philippe est allé déloger des jeunes qui squattaient un hall d’entrée. Pour cela, ils misent sur le dialogue et ça marche selon Morgane Gallet. Elle travaille pour Logi Ouest, un bailleur des pays de la Loire.
“Si on a un gardien, on va pouvoir réagir plus rapidement. S’il voit des jeunes qui commencent à s’installer, il a la capacité d’aller les voir pour leur demander de sortir. Et des fois s’ils voient des choses pour ne pas se mettre en danger, il va prévenir le gestionnaire. Pour rassurer mes locataires, à certains endroits, j’ai mis des gardiens”, indique-t-elle.
Une attractivité faible
En revanche difficile de prévenir les forces de l’ordre. Tous les acteurs le confirment, police compris. Les gardiens habitent dans les quartiers, parfois avec leur famille et ils ne peuvent pas se mettre directement en danger.
Et même si le secteur recrute à tour de bras et pourtant, il y a une pénurie de candidats. Pour plusieurs raisons: un manque de formation, car devenir gardien d’immeuble ne s’improvise pas. D’ailleurs, certains bailleurs ont lancé leur propre école comme Archipel Habitat à Rennes.
Autre problème, le manque d’attractivité avec des salaires bas. Le Smic en début de carrière avec un logement de fonction. Un agent avec qui j’ai pu discuter avec neuf ans d’ancienneté atteint péniblement les 1.500 euros nets. Certains bailleurs proposent des salaires légèrement plus élevés. Autour de 2.000 euros, mais pour cela, il faut renoncer au logement.