Voir des musulmans poussés par des élus ou des policiers, ça rappelle des scènes atroces en France
La tension monte encore d'un cran entre le maire de Clichy-le-Garenne (Hauts-de-Seine) et une association musulmane qui organise des prières de rue dans la commune pour dénoncer la fermeture, en mars, de leur lieu de culte. L'Union des associations musulmanes de Clichy-la-Garenne (UAMC) n'a pas du tout apprécié le rassemblement d'une centaine d'élus en écharpe tricolore, vendredi dernier, pour tenter d'empêcher des fidèles de faire leur prière dans la rue. Le groupement va déposer plainte contre X pour violence aggravée, et contre le maire (LR) de la ville, Rémi Muzeau, pour diffamation et incitation à la haine raciale. Car pour les associations musulmanes, pas de doute, les élus qui sont venus manifester vendredi ont commis des violences à l'encontre des fidèles présents.
"Des instructions aux policiers"
Leur avocat, Maître Arié Alimi, s'appuie notamment sur une vidéo, tournée par un des fidèles, dans laquelle le maire de Clichy-la-Garenne donnerait des instructions aux policiers municipaux d'aller au contact et de pousser les manifestants, qui avaient obtenu l'autorisation de la préfecture pour se rassembler. "Il y a eu des instructions express de la part de la municipalité aux policiers municipaux de pousser les musulmans, assure l'avocat sur RMC. Quand vous avez des élus de la république française qui organisent des manifestations en vue de commettre des violences contre des personnes parce qu'ils appartiennent à une religion, c'est intolérable. Franchement on a passé un cap en France". "Voir des musulmans ou des Arabes poussés par des élus ou des policiers à la Seine ou contre les grilles d'un métro, ça me rappelle des scènes atroces en France", a ajouté Me Alimi, invité ce mardi de Bourdin Direct.
"Mes clients se retrouvent à prier dans la rue"
C'est la demande des associations musulmanes de disposer d'un nouveau lieu de prière en centre-ville qui est à l'origine des tensions. La mairie leur a proposé une solution de repli, située 1,5 kilomètre plus loin. Mais d'après les fidèles, cette mosquée est excentrée, trop petite et ne respecte pas les normes de sécurité. Des arguments que la mairie rejette en bloc. "35% des 60.000 habitants de Clichy-la-Garenne sont musulmans. Comment voulez-vous les accueillir dans une salle qui ne peut en accueillir qu'une centaine ?", interroge Me Alimi. "Mes clients se retrouvent à prier dans la rue mais s'ils ont une autre salle, ils iront y prier, assure-t-il. C'est ce qu'on demande depuis très longtemps". Jeudi, les associations musulmanes et le maire de Clichy se retrouveront à l'occasion d'une réunion de conciliation organisé par le préfet.