Applications, selfies, voix... Les smartphones vont bientôt permettre de détecter la dépression

De nombreuses applications se développent pour permettre de détecter les signes de la dépression grâce aux smartphones. Les caméras et les micros de ces derniers pourraient aider à lutter contre la dépression et augmenter la prévention.

La technologie bientôt au service de la santé mentale ? Un simple smartphone pourrait suffire à lutter contre la dépression. C’est tout l’enjeu d’une application en cours de développement qui s’appelle MoodCapture, qui signifie "saisir les humeurs" en français.

Cette dernière vise à détecter la dépression à partir de simple selfies. Ce projet très sérieux est mené par des chercheurs de l’université de Dartmouth. L’application n’est pas encore disponible au grand public, mais elle a déjà été testée dans le cadre d’essais cliniques.

Des données captées grâce à la caméra du téléphone

Concrètement, l'application va se servir de la caméra du téléphone pour analyser le visage de son utilisateur et l'environnement qui l'entoure à chaque fois qu'il déverouiile son téléphone. Le regard, les mouvements des yeux, la position de la tête, la rigidité du corps, tout cela sera analysé.

Si très régulièrement, sur une période de temps donnée, l'utilisateur a une expression très fermée dans une pièce mal éclairée, l'application va tirer la sonnette d'alarme. La personne recevra des conseils, comme par exemple sortir s'aérer, voir des amis et surtout consulter quelqu'un. L’idée n'est pas de remplacer les psychologues, mais d'amener les personnes dépressives à les consulter.

On n'arrête pas le progrès : Lutter contre la dépression grâce à votre smartphone - 17/04

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Dans une étude réalisée sur 177 personnes diagnostiquées dépressives, l’application a correctement identifié des symptômes précoces avec un taux de précision de 75%. Un chiffre encore insuffisant selon les créateurs de l'application, qui visent 90%, pour que ce soit vraiment efficace. Cela va demander encore pas mal de travail, car on parle d’un dispositif médical, pas d’une application "dépressif or not" pour s’amuser. Il faudra encore 5 ans environ avant qu’elle ne soit disponible, achant que ce ne sont pas les seuls à travailler sur le sujet.

La voix, autre outil de détection

Hormis le visage, d'autres éléments comme la voix peuvent permettre de détecter des troubles mentaux. Des chercheurs chinois de l’université de Harbin ont mis au point un logiciel capable de détecter la dépression en analysant à la fois les réponses données par des patients à des questions sur leur humeur et leur vie personnelle, ùais aussi le timbre de la voix. Des subtilités dans le spectre vocal et guttural imperceptibles à l’oreille humaine peuvent être détectées, avec un taux de précision de 87%.

L'entreprise Apple a, elle, lancé une expérience avec l’université de Californie visant à utiliser l’iPhone pour diagnostiquer les signes de dépression, de déclin cognitif ou d’anxieté. En se basant sur des données recueillies via la caméra du téléphone (analyse des expressions du visage), mais aussi le micro (pour le timbre de la voix) et même le clavier, la vitesse de frappe par exemple pourrait aider à détecter des signes avant-coureurs de la dépression.

L’intérêt de ce genre de technologies est de permettre de prendre le problème le plus en amont possible pour faire de la prévention parce que la dépression est parfois difficile à diagnostiquer. C'est l’une des spécificités de la dépression. En moyenne, les premiers soins sont apportés cinq ans seulement après l’apparition des premiers symptômes. D’où l’intérêt d’outils qui permettraient de traquer le plus tôt possible les signes avant-coureurs.

Certains chercheurs travaillent également sur des chatbots thérapeutiques, basés sur la thérapie comportementale, censés aider les utilisateurs à identifier et modifier leurs pensées négatives.

Un bracelet pour éviter les rechutes

Une entreprise française, Myndblue, a mis au point un bracelet bardé de petits capteurs électroniques qui vont traquer tout un tas d’indicateurs physiologiques: de la température corporelle à la tension artérielle en passant par le rythme cardiaque ou encore le sommeil. Ce bracelet, grâce à un algorithme complexe, va être capable de percevoir le moindre changement dans ces indicateurs vitaux et d’en déduire qu’il y a un risque potentiel.

Un ralentissement général de l’organisme ou un sommeil perturbé pendant plusieurs semaines peuvent notamment alerter le médecin sur un risque potentiel. À partir de ces informations, il va pouvoir mettre en place un traitement le plus rapidement possible.

Mieux encore, l’analyse de ces données permet de prédire précisément l’évolution de la dépression sur les 3 mois à venir, que ce soit les risques de suicide ou la réponse aux antidépresseurs. Le but ce n’est pas d’équiper tout le monde de ces bracelets et d’attendre que quelqu’un devienne dépressif. Il permet surtout d'éviter les rechutes chez les personnes déjà touchées. Ces dernières surviennent dans près de 50% des cas de dépression.

Anthony Morel