Facebook, Instagram... Plus que quelques heures pour empêcher Meta d’utiliser vos données pour son IA

Vos derniers selfies ensoleillés sur Insta, le commentaire sympathique que vous avez laissé sur la publication de votre beau-frère qui vient de terminer son premier marathon… À partir de ce mardi, toutes ces données, ces photos, ces légendes, ces publications, ces commentaires, etc, pourront désormais être utilisées pour entraîner et améliorer l’IA de Meta.
Sont concernées toutes les données que vous publiez dans la galaxie Meta, Facebook, Instagram, à l’exception des conversations privées dans WhatsApp… Ne seront pas non plus exploitées les données des moins de 18 ans. L’entreprise utilisera aussi toutes les conversations que vous aurez avec Meta AI, ce petit bouton rond qui a été intégré il y a quelques semaines dans tous les services de l’entreprise et qui permet d’entrer en discussion avec un chatbot.
Pourquoi font-ils cela? Parce que l’IA a faim: il faut savoir qu’après avoir exploité une immense partie du Web – des milliards de pages publiques – les géants de la tech sont aujourd’hui en quête de nouvelles données plus riches, plus humaines, pour nourrir leurs modèles, comme on nourrit un bébé pour qu’il grandisse et devienne adulte.
L’objectif affiché, c’est d’utiliser cette masse d’informations pour faire progresser leurs modèles de langage, les rendre plus humains dans leurs interactions avec nous en leur permettant de mieux comprendre les subtilités du langage, les expressions familières, les façons de parler locales, le ton, l’implicite. Et notamment l’humour et le sarcasme, très difficiles à appréhender si on n’a pas des masses de données d’utilisateurs. C’est là tout l’enjeu pour Meta rester dans la course à l’IA générative, être plus compétitive face à la concurrence.
Est-ce qu’on peut refuser? Et si oui comment on fait?
On peut toujours refuser, mais il faut faire très vite, puisque ce mardi, c’est la date limite. Il vous reste donc quelques heures seulement, la nouvelle règle devrait entrer en vigueur dans le courant de la journée. La manipulation est assez simple: il faut aller dans les paramètres de confidentialité. Sur Instagram par exemple, vous allez sur votre compte, vous appuyez sur les trois petites barres en haut à droite de l’écran, puis dans “centre de confidentialité”, et là, vous avez le mot “opposer” surligné en bleu, qui vous dirige vers un formulaire à remplir.
Mais est-ce que c’est légal d'exploiter comme ça nos données?
C’est légal, conforme au RGPD, notamment en vertu de ce droit d’opposition qui vous est donné, car on estime que c’est l’intérêt légitime de Meta d’entraîner ses modèles. En tout cas, le comité européen de la protection des données a donné son feu vert. Il n’y a pas de risque en soi lié au fait que Meta utilise nos données, qui seront anonymisées. Ça peut arriver que l’IA régurgite des données personnelles par erreur, dans une conversation avec un autre utilisateur, mais ça reste rarissime. Après, certains peuvent avoir une opposition de principe au fait que nos informations sont utilisées à des fins qui restent relativement vagues.
Car ces informations pourront être utilisées pour entraîner des IA à des fins commerciales (générer des pubs plus efficaces par exemple) ou pour des choses qu’on n’approuve pas forcément: est-ce que j’ai envie que des photos de mon visage soient utilisées pour entraîner des modèles de d’IA capables d’analyser les expressions faciales à des fins de surveillance…