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Murs, façades, peintures: comment les immeubles du futur vont lutter contre la chaleur

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Dans "Estelle Midi" ce mercredi sur RMC et RMC Story, Anthony Morel présente les techniques pour lutter contre la chaleur dans les immeubles du futur.

Des murs très épais

Comment mieux lutter contre les vagues de chaleur dans les grandes villes? De plus en plus d’urbanistes et d’architectes réfléchissent à la façon dont les bâtiments du futur pourraient mieux résister aux canicules… sans clim! C'est l’idée de ce qu’on appelle les immeubles 2226, parce que leur température intérieure est toujours comprise entre 22 et 26 degrés, qu’il fasse très chaud ou très froid à l’extérieur, sans chauffage ni climatisation. Les premiers ont vu le jour en Suisse et en Autriche. Le premier bâtiment 2226 français est en cours de construction à Lyon, quartier Confluence. En soi, c’est très ‘low tech’. En fait, ce sont les matériaux et la manière de construire qui produisent cet effet. Des murs de briques de terre cuite très, très épais: 80 cm, là où normalement vous avez 20 cm de ciment et 20 cm d’isolation. Là, pas d’isolation. Mais l’épaisseur des briques permet l’hiver de retenir le froid, qui va mettre des semaines à entrer dans le bâtiment. Et l’été, de rester au frais, d’autant que ces bâtiments sont d’un blanc éclatant, qui repousse les rayons du soleil.

L’hiver, on va aussi récupérer et exploiter la chaleur de plein de petites choses: les grandes baies vitrées, qui laissent passer le soleil, les lampes, ordinateurs, moteurs de frigos... Et puis, on peut évidemment combiner ça -et ce sera le cas à Lyon- avec des panneaux photovoltaïques sur les toits pour produire de l’électricité, de la végétation pour faire baisser la température l’été en générant ce qu’on appelle de l’évapotranspiration (en gros, les plantes transpirent de l’eau et ça contribue à réduire la température de l’air ambiant). Et puis de l’intelligence embarquée pour ouvrir automatiquement les fenêtres ou les volets pour profiter de la lumière du jour en hiver ou garder de l’ombre l’été. Résultat: pas de clim, pas de chauffage, pas de tuyaux dans tous les sens, moins de frais d’entretien... Ça coûte 10% moins cher à construire qu’un immeuble classique. Un petit aperçu de la ville du futur.

On n'arrête pas le progrès : Le 2226, des immeubles qui restent au frais... sans clim - 06/09
On n'arrête pas le progrès : Le 2226, des immeubles qui restent au frais... sans clim - 06/09
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Des façades adaptatives

Beaucoup plus ‘high tech’, ce sont les façades adaptatives. Des bâtiments dont la structure et l’apparence vont changer en temps réel, au cours de la journée, en fonction notamment de leur exposition au soleil, pour maximiser l’ombrage du bâtiment quand il fait chaud, ou la capacité à emmagasiner chaleur et lumière quand il fait froid. A Abu Dhabi, les tours Al Bahar, construites il y a dix ans, ont la particularité d’avoir une sorte de double peau. La façade extérieure du bâtiment ressemble un peu à une peau d’ananas, qui va tourner en fonction du soleil, pour que la partie la plus exposée à la lumière et à la chaleur soit toujours à l’ombre et que l’autre profite de la luminosité. C’est plutôt un champ d’expérimentation pour l’instant, parce qu’évidemment, même si c’est très esthétique, ça coûte très cher à construire. Mais les gains en termes de consommation électrique liée à la clim sont très intéressants, surtout quand on est au milieu du désert...

Une peinture réflective

Des chercheurs travaillent aussi sur de nouveaux matériaux et de nouveaux revêtements capables de rafraîchir les bâtiments. Avec un énorme succès depuis quelques années pour ce qu’on appelle le ‘cool roofing’, ces peintures blanches qui font baisser la température en cas de grande chaleur. Ce qui permet de faire baisser la facture, en évitant d’utiliser trop les systèmes de climatisation. La startup toulousaine SolarPaint ou la nantaise Enercool, par exemple. Avec une peinture de toit, ça fait baisser la température intérieure de 6 degrés en cas de forte chaleur et de 40% les coûts liés à la climatisation. Juste grâce à la peinture! Une peinture blanche, mais surtout une peinture dite réflective, conçue avec des pigments spéciaux qui réfléchissent les rayons du soleil y compris infrarouges, à hauteur de plus de 80%. Une techno utilisée à la base par la Nasa pour ses propulseurs, pour les protéger des rayons solaires. C’est très populaire, y compris auprès des administrations, la métropole de Nantes par exemple a commencé à l’adopter. Mais aussi sur des immeubles d’habitation en région parisienne. On peut l’acheter, comptez 20 euros du mètre carré, c’est beaucoup moins cher qu’une isolation thermique classique.

Anthony Morel