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Polémique en Suisse: une église missionne une... IA pour recevoir les confessions de ses fidèles

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Une expérience menée dans une église en Suisse fait polémique: une IA installée dans le confessionnal pour discuter avec les croyants.

Saint ChatGPT, priez pour nous ! L’IA s’invite décidément dans tous les aspects de la vie y compris la religion. Ca peut sembler fou et pourtant c’est très sérieux. L'expérimentation de confessions recueuillies par une IA est mise en place par l’université des sciences de Lucerne dans la chapelle Saint Pierre de Lucerne. Un dispositif baptisé fort justement Deus in Machina, "Dieu dans la machine".

Concrètement, dans le confessionnal, là où normalement le prêtre accueille les fidèles qui viennent demander le pardon divin, a été installé un écran sur lequel s’affiche un Jésus virtuel. Un avatar censé répondre aux questions des croyants, en mode discussion orale. Il a été entraîné sur des textes théologiques pour être le plus cohérent possible dans les réponses qu’il apporte, dans une centaine de langues.

Il ne s’agit pas de se confesser (même si dans le secret du confessionnal les gens disent ce qu’ils veulent) mais d’échanger sur des questions de religion. Plus de 1.000 personnes ont testé le dispositif, les deux tiers affirment que cette discussion a été pour elles une expérience spirituelle.

Ca n'a pas marché à tous les coups

Mais ça ne marche pas à chaque fois. Un journaliste suisse qui l’a testé explique que ses réponses sont "banales, répétitives et rappellent des clichés plutôt que des savoirs théologiques". Du côté de l’Eglise, l’objectif est d’analyser comment les gens réagissent face à ce "Jesus IA", de quoi ils lui parlent. Mais aussi de tester de nouveaux outils pour rester à la page et éviter une fracture numérique avec sa base.

Mais qui demandait vraiment l’utilisation de ce genre d’outil ? Le principe a été vivement critiqué par des catholiques et des protestants, les uns pour l’utilisation du confessionnal, les autres pour l’utilisation de l’image du christ. Elle n’a de toute façon pas vocation à être permanente.

C’est vrai que quand on essaie de mêler technologie et religion… ça ne se passe pas toujours très bien. L’Eglise tente de se moderniser en utilisant tous les outils du numérique. Comme le mariage, c’est pour le meilleur et pour le pire.

Parmi les choses qui fonctionnent plutôt bien, on peut citer l’utilisation des réseaux sociaux pour créer des communautés virtuelles. Des applications de prière comme l’américaine Hallow et ses 20 millions d’utilisateurs. Ou encore des pèlerinages virtuels, par exemple depuis quelques jours, la basilique Saint-Pierre peut maintenant être entièrement visitée en 3D comme si on y était grâce à 400.000 photos agrégées par l’intelligence artificielle. Vraiment dingue, qu'on soit croyant ou pas.

Estelle Denis donne rendez-vous aux auditeurs de RMC et téléspectateurs de RMC Story pour son talk-show d’opinions et de débats. Toujours accompagnée de Fred Hermel, Emmanuelle Dancourt, Périco Legasse, Estelle Denis et sa bande s’invitent à la table des Français pour traiter des sujets qui font leur quotidien. « Estelle Midi », c’est de l’actu, des débats, des coups de gueule, des coups de cœurs, des infos et un zapping des meilleurs moments entendus sur RMC.
On n'arrête pas le progrès : Des confessions virtuelles, l’IA au service de la religion - 11/12
5:41

Fiasco aux USA pour un dispositif similaire

Côté négatif, il y a quelques mois on a eu un autre exemple qui a assez mal tourné. Aux Etats-Unis, une association religieuse catholique, Catholic Answers, a généré un prêtre virtuel en utilisant l’IA. Un avatar virtuel, entraîné et programmé pour répondre aux questions des croyants (ou pas d’ailleurs) sur la foi, les enseignements de l’Eglise. L’algorithme était entraîné sur les textes religieux. Sauf que ça a très vite dérapé (qui aurait pu s’en douter?) : d’abord, l’IA a commencé à absoudre les croyants qui lui demandaient le pardon de dieu. Ce qu’un prêtre peut faire, mais évidemment pas une intelligence artificielle.

Et puis elle s’est mis à raconter n’importe quoi, par exemple qu’on pouvait tout à fait remplacer l’eau bénite pour le baptême avec des boissons énergisantes (je ne sais dans quel évangile ça se trouve). Bref, au bout de 24 heures, l’Eglise catholique a démis l’IA de ses fonctions.

Cela dit c’est un sujet qui intéresse beaucoup le Vatican. Le pape s’est prononcé plusieurs fois sur l’intelligence artificielle, son potentiel, mais aussi ses dangers. Et ce, à plusieurs reprises, en insistant sur ses aspects positifs, notamment dans le domaine de la médecine.

Il y voit un outil "extrêmement puissant, fascinant et redoutable". Tout en mettant en garde les "risques d’utilisation à visée manipulatrice" dont il avait lui-même été la victime, on se souvient de ces images devenues virales du pape en grosse doudoune blanche qui étaient en fait des deepfakes générés par l’IA.

Il a aussi appelé lors du G7 de juin dernier dans les Pouilles, à l’interdiction des "armes autonomes létales", plus connues sous le nom de "robots tueurs". Un vœu qui restera probablement pieu…

Anthony Morel (édité par J.A.)