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Violences gynécologiques et obstétriques: "Il a ri et m’a annoncé qu’il m’avait fait une épisiotomie à mon insu"

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Dans un rapport rendu ce vendredi, le Haut conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) estime que les violences gynécologiques et obstétricales doivent être sanctionnés. RMC a recueilli le témoignage d'Ania, victime de ces violences lors de son accouchement il y a 4 ans.

Le Haut Conseil à l'Egalité a rendu public son rapport sur les violences gynécologiques et obstétricales ce vendredi. Commandé il y a un an par la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, il appelle à une "prise de conscience des pouvoirs publics" et propose 26 recommandations pour "prévenir (ces actes), faciliter leur signalement et les condamner".

Des violences qui laissent souvent les victimes traumatisées. Ania a accouché il y a 4 ans, mais elle peine encore à retenir ses larmes lorsqu’elle raconte la naissance de sa fille, Wendy.

Son calvaire a commencé dès son arrivée à la maternité: "On m’a engueulé parce que j’aurais dû arriver plus tôt alors que je n’avais même pas encore perdu les eaux", raconte-t-elle à RMC. Pour ce qui aurait dû être le plus beau jour de sa vie, Ania, 22 ans à l’époque, s’est sentie humiliée et infantilisée. Elle avait pour projet d’avoir un accouchement le plus naturel possible: sans péridurale, sans épisiotomie. Ses cours de préparation y étaient adaptés mais pas l’hôpital.

"La sage-femme m'a dit d'accélérer le travail"

En perte de repères, elle s’est retrouvée entre les mains d’un personnel odieux qui a pris le contrôle de son corps: "La sage-femme m’a dit qu’il fallait accélérer le travail, car il y avait trois autres accouchements en même temps, mais je sentais bien que ma fille n’était pas assez descendue", se souvient-elle.

Désemparée, Ania est contrainte d’accepter une péridurale. Mais l’anesthésie, mal dosée, ralentit au contraire le travail. Pour que son accouchement soit plus rapide, la sage-femme lui perce elle-même la poche des eaux, sans avoir son accord. Ce n’est pas le seul acte qu’elle subisse sans consentement.

Ania, réticente, a eu une épisiotomie à son insu sans même savoir si l’intervention était nécessaire. "Le gynécologue a ri et m’a annoncé qu’il m’avait fait une épisiotomie, alors que je lui avais défendu", raconte-t-elle encore.

"Elles se sont moquées du prénom de mon enfant"

Manque de tact, d’informations, de considération, un personnel sans gêne : "Les sages-femmes ne sont pas restées à leur place, elles se sont moquées du prénom de mon enfant". La douloureuse épreuve d’Ania ne s’arrête pas là: un mois plus tard, la cicatrice de l’épisiotomie la fait toujours souffrir: "On m’a dit que j’avais un point du mari. C’est un point de suture qui referme un peu plus le vagin pour que le conjoint ait plus de plaisir, mais c’est une souffrance constante, chaque rapport est douloureux pour nous deux. On n’a jamais voulu ça. Ce n’est pas une erreur du médecin, c’est un point volontaire un plus".

Depuis 2015, près de 3.000 femmes ont contacté l'association "Institut de Recherche et d'Action pour la Santé des Femmes" pour faire état de traitements obstétriques vécus comme maltraitants. Une enquête de santé publique devrait être ouverte pour déterminer l'ampleur réelle de ces violences.

Bettina de Guglielmo