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Eco+, Top Budget, Simply... Que valent les marques premiers prix en supermarché?

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Les marques premiers prix sont de plus en plus choisies par les consommateurs qui, face à l'inflation, cherchent à faire des économies. Beaucoup moins chères, sont-elles pour autant de moins bonne qualité?

Vous les connaissez sous les noms d'Eco+, Top Budget, Simply... Les marques à bas coûts, en super et hypermarché, sont en moyenne 50% moins chères que les marques nationales, selon 60 millions de consommateurs. Avec l'inflation, les Français les plébiscitent et elles ont connu une augmentation de leurs ventes de 20% sur les huit premiers mois de 2023.

Elles continuent de se renouveler afin de coller au plus près aux attentes des consommateurs. La dernière arrivée sur le marché: la marque mini-prix de Lidl, qui doit compter au total 80 références, ajoutées au compte-goutte en rayons.

Mais que valent vraiment ces produits? Leur rapport qualité-prix est-il bon? RMC Conso a enquêté.

Peu de différences sur les produits bruts

Sur les étals de fruits et légumes de Leclerc se côtoient vrac, produits de marque distributeur "marque repère", marques nationales et Eco+, la marque premier prix de l'enseigne.

Si on compare les courgettes, il n'y a pas de différences notables entre celles, origine Espagne, vendues en vrac et celles, Eco+, origine Espagne également, vendues en filet d'1 kilo (soit trois ou quatre courgettes). Si ce n'est, bien sûr, leur prix: 1,99 euro le kilo pour les courgettes Eco+, contre 2,99 euros le kilo pour les autres.

Constat légèrement différent côté pommes: les pommes de marque distributeur classique affichent le label "haute valeur environnementale", pas celles de marque Eco+. Ce label est toutefois remis en question par les associations de consommateurs et de protection de l'environnement.

Cela signifie-t-il que l'on peut se tourner vers les fruits et légumes premiers prix les yeux fermés?

"Globalement, oui, répond Claire Trommenschlager, diététicienne-nutritionniste. J'ai personnellement fait le test avec des bananes, des carottes et des brocolis, pour moi ils étaient de qualité tout à fait correcte."
"C'est d'ailleurs vrai pour la plupart des produits bruts ou peu transformés: lait, oeufs, fromage blanc...," ajoute la professionnelle qui, sur son compte Instagram aux 200.000 abonnés, a proposé une série de recettes faites à base de ces produits à bas prix.

De vraies économies pour le consommateur

Avec une différence de prix non négligeable: "l'oeuf Eco+ de poules élevées en plein air coûte 21 centimes, contre 35 centimes en moyenne pour un oeuf de la même catégorie, d'une autre marque. Si l'on multiplie cette différence pour une boîte de 12 oeufs, il y a une vraie économie à faire," précise-t-elle.

Lorsqu'on compare des allumettes fumées de marque "Saint Alby" de Lidl et celles de la nouvelle marque mini-prix de l'enseigne, l'observation est la même. Les allumettes premier prix affichent une composition quasi identique aux autres (elles contiennent un tout petit peu moins de viande de porc, 96% contre 99% pour celles de marque), du porc français, et des qualités nutritionnelles équivalentes voire meilleures (un meilleur taux de protéines et moins de calories).

Leur prix défie toute concurrence: 6,94 euros le kilo (à peu près le même que les allumettes de marque Eco+, chez Leclerc), contre 8,9 euros le kilo pour les allumettes Saint Alby. Une façon pour Lidl de s'aligner sur les bas prix de Leclerc, afin de la concurrencer dans la guerre que les deux enseignes se livrent pour savoir laquelle est la moins chère...

On remarque par ailleurs que les allumettes premier prix de Lidl sont fabriquées dans la même usine que la marque Madrange... Les industriels fabriquent effectivement souvent à la fois des marques nationales et des marques de distributeurs, pour des questions de rentabilité et d'économies d'échelles, mais aussi pour garder de bonnes relations avec les distributeurs.

Moins de produits et un packaging plus simple

Pour pouvoir proposer des prix aussi compétitifs tout en continuant de faire des marges confortables (les distributeurs font leurs plus grosses marges sur leurs propres marques et pas sur les marques nationales), les enseignes parviennent à économiser sur plusieurs éléments.

Premièrement, le packaging: plus simple et épuré sur les marques premiers prix, il coûte moins cher à produire.

Deuxièmement, les marques de distributeurs d'entrée de gamme présentent moins de références que les marques de distributeurs classiques. Leclerc propose 1000 produits Eco+ différents, contre 6000 produits Marque repère. Or, produire moins de produits, en plus grande quantité, revient moins cher, grâce aux économies d'échelle réalisées.

Moins bonne qualité sur les produits transformés

En revanche, sur certains produits, c'est la qualité des ingrédients utilisés qui permet de réduire les coûts. C'est la raison pour laquelle il vaut mieux éviter d'acheter des produits ultra-transformés à bas coût.

"J'ai remarqué que sur le poisson pané, la teneur en eau était plus grande sur la maque premier prix, qu'il y avait aussi plus de panure, et donc moins de poisson, de l'huile de palme plutôt que de l'huile de colza," détaille Claire Trommenschlager.

Autre exemple, la pâte à tartiner Simply, marque petit prix de Carrefour, ne contient que 2% de noisettes mais 66% de sucre. Là où la plupart des marques de pâte à tartiner présentent une teneur en noisettes d'environ 13%, et 50 à 55% de sucre.

Pâte à tartiner Simply, la marque à bas prix de Carrefour
Pâte à tartiner Simply, la marque à bas prix de Carrefour © Capture d'écran carrefour.fr
Pâte à tartiner Carrefour Classic
Pâte à tartiner Carrefour Classic © Capture d'écran carrefour.fr

La pâte à tartiner Simply est par ailleurs aussi composée d'huile de palme, alors que de nombreuses marques éliminent cet ingrédient de leurs recettes, car il est décrié pour ses effets sur la santé et sur l'environnement.

Le constat est identique sur des cordons bleus Eco+, composés de seulement 22,5% de viande de dinde, contre 41% pour les cordons bleus Marque repère. Ils contiennent aussi plus de conservateurs.

Les cordons bleus de dinde d'Eco +, la marque à bas prix de Leclerc
Les cordons bleus de dinde d'Eco +, la marque à bas prix de Leclerc © Capture d'écran e.leclerc
Cordons bleus de dinde de la Marque repère, la marque distributeur de Leclerc
Cordons bleus de dinde de la Marque repère, la marque distributeur de Leclerc © Capture d'écran e.leclerc

On peut donc conclure que, globalement, les produits premiers prix constituent des choix intéressants pour les produits bruts et peu transformés, à la qualité quasiment identique à celle des produits de gamme supérieure.

En revanche, sur les produits très transformés, ces marques bon marché rognent sur la qualité des ingrédients utilisés et sont donc à choisir avec plus de précaution. Dans tous les cas, l'idéal reste toujours de bien lire les étiquettes avant d'acheter...

Charlotte Méritan