Se baser sur le nombre de cas positifs pour fermer les restaurants "a très peu d'intérêt", selon l'épidémiologiste Catherine Hill

Invitée de RMC, l'épidémiologiste Catherine Hill explique que le gouvernement s'est trompé de stratégie pour enrayer l'épidémie. Elle assure également que se baser sur le nombre de cas positifs pour fermer commerces et restaurants est une ineptie.
Depuis plusieurs jours, et à la veille des fêtes de fin d’année, les chiffres de contamination au Covid-19 ne baissent plus. Pire, après le jour de l’An, ils pourraient augmenter de nouveau et ainsi entraîner un nouveau confinement de la France.
Pour l’épidémiologiste et biostatisticienne Catherine Hill, malgré l’appel à la prudence du gouvernement, "les gens vont quand même fêter Noël ce qui va plus faire circuler le virus. On aurait dû attendre février pour fêter Noël"
"Cet indicateur a très, très peu d’intérêt"
Pour elle, c’est évident, ce qui bloque le recul de l’épidémie, c’est le fait que "les gens sont allés faire des courses, qu’on peut maintenant aller partout. Tout s’est relâché donc le virus circule davantage".
Catherine Hill explique qu’il ne faut pas regarder le nombre de nouveau cas car cela dépend du nombre de gens que l’on teste.
"C’est un très mauvais indicateur. Il faut regarder les arrivées à l’hôpital, en réanimation et les morts. Tous ces chiffres ont descendu et sont sur un plateau depuis 4 semaines. La mortalité, elle diminue à peine. En plus, le nombre de cas que l’on trouve tous les jours n’est pas représentatif des cas qui existent dans le pays. Cet indicateur a très, très peu d’intérêt".
"La barre des 5000 cas ? C'est incantatoire"
Quand le gouvernement dit de ne pas vouloir rouvrir bars et restaurants car le nombre de cas positifs ne descend pas en dessous de 5.000 cas, "c’est incantatoire".
Le risque de se voir être à nouveau reconfiner existe pour elle, même si cette stratégie n’est pas la bonne.
"Le nombre d’arrivées à l’hôpital va continuer à réaugmenter à cause des fêtes de Noël et de toute cette agitation. Cela va aggraver la situation. Est-ce que cela sera tenable sans confinement ? De toute façon, ce n’est pas la question. Depuis le début je le dis, il faut tester massivement la population, trouver les gens contagieux et les isoler. Chose qu’on ne fait toujours pas".
"Il y a toujours urgence de dépister massivement la population"
Cette stratégie est la bonne selon Catherine Hill qui pense savoir pourquoi les politiques ne l’ont jamais adoptée.
"Les politiques ne le font pas probablement par crainte des difficultés que la population ne l’accepte pas. Mais la population est capable de comprendre qu’il est plus intelligent d’isoler 10 jours les gens qui sont contagieux plutôt que de confiner tout le monde et plomber l’économie du pays".
Cette tentative de dépistage massif a pourtant été testé la semaine dernière au Havre et à Charleville-Mézières. Mais seulement 10% des habitants ont été dépistés. L’épidémiologiste n’est étonné.
"La population n’y était pas préparée. On n’a pas organisé la chose et expliqué ce qu’on comptait faire. C’est un gaspillage de fric monumental et c’est un malentendu total".
"Tout coince parce que la bureaucratie de la santé est lourde et inerte. C’est vraiment difficile d’avancer vite. On reprendra espoir quand tout le monde sera vacciné, ce qui va prendre encore 6 mois. Et, en attendant, il y a énormément de morts. Donc il y a toujours urgence de dépister massivement la population".
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