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Steak machine: "Dans l'abattoir où j'étais, on tue une vache par minute et un porc toutes les 20 secondes"

Cadence infernale, animaux mal tués, odeur de sang et de mort, souffrance des hommes et des animaux, les abattoirs sont très critiqués. Invité de 100% Bachelot, Geoffrey Le Guilcher a enquêté et infiltré un abattoir industriel en Bretagne. Il raconte son expérience dans Steak machine (éditions Goutte d’or).

Steak machine, c’est le dernier livre de Geoffrey Le Guilcher. Ce jeune journaliste, invité de 100% Bachelot, s’est muni d’un CV imaginaire, une fausse identité pour infiltrer pendant quarante jours un abattoir breton. Il raconte qu’outre la drogue, qui permet à certains ouvriers de tenir une cadence monstrueuse de deux millions d’animaux abattus par an, les risques de blessures sont nombreux.

"Il faut comprendre qu’il y a un dieu dans les abattoirs, c’est la cadence. Là où j’étais, c’était une vache par minute et pour les porcs, un toutes les 20 secondes. On imagine tous les gestes qu’il faut faire pour tenir cette cadence, c’est quasiment impossible. On se blesse tout le temps. Quand les animaux se débattent parce qu’ils ne veulent pas mourir, ils peuvent se transformer en ennemis, c’est ce que dit la sociologue Catherine Rémy."

Il explique que des gens peuvent passer 20 ou 30 ans dans un enfer. Même dans les petits abattoirs les dérives arrivent rapidement au moment des fêtes, faute de personnel et de machines qui fonctionnent correctement. Une difficulté psychologique et physique intense pour les employés, qui ne disposent que d'une seule pause de vingt minutes sur une journée de huit heures. "On se blesse quand on est à la tuerie, à l’endroit où les animaux sont vivants. On se blesse parce que quand une vache est au plafond elle se met à tourner, on appelle ça l’hélicoptère. C’est dangereux parce qu’on prend des coups et des gens peuvent se faire ouvrir la tête."

100% Bachelot avec A. B