"Un comble pour l'Education nationale": 3e refus de mutation pour un prof à 10.000km de sa famille
Son fils et sa femme vivent à la Réunion. Lui vit à 10.000 kilomètres, en Seine-Saint-Denis. Aurélien est professeur des écoles et a contacté RMC car il demande depuis plusieurs années à l'Education nationale à être muté à la Réunion pour rejoindre sa famille, sans succès.
Début juin, il avait expliqué sur notre antenne avoir reçu un troisième refus de mutation et faire un recours auprès de l'académie de Créteil. La réponse est tombée il y a quelques jours: son recours a été rejeté, une décision "incompréhensible" pour cet instituteur qui devra donc faire une troisième rentrée loin de son fils en septembre.
"Ca devient impossible, mon fils en souffre, ma compagne aussi, ça va être dramatique quand je vais partir [...] j'aime vraiment ce métier, ce rapport avec les élèves, mais le problème c'est que là j'arrive à bout" confie-t-il ce vendredi matin.
C'est aussi un coup dur pour sa compagne, Ingrid. "C'est quand même un comble pour l'Education nationale, je pense que mon fils aussi a le droit à un bel avenir, d'être stable émotionnellement, d'avoir ses deux parents, je ne comprends pas que l'Education nationale accepte qu'un département agisse comme ça avec son personnel".
Une situation "qui prend de l'ampleur" en Seine-Saint-Denis
Cette situation n'est pas exceptionnelle selon les syndicats du département. D'après Force ouvrière, près de 3000 professeurs actuellement en Seine-Saint-Denis souhaitent être mutés dont "2000 n'ont pour l'instant aucune chance".
"Ca fait plus de dix ans qu'on ne permet pas aux collègues de partir dans un délai raisonnable. On a des collègues qui ont un cancer, une collègue qui vit avec son bébé en Bretagne et qui n'arrive pas à rejoindre son conjoint, une autre qui doit s'occuper de quelqu'un de sa famille gravement malade, et là de nouveau cette année ils n'ont pas leur mutation", déplore César Laudron, responsable syndical de force ouvrière des professeurs des écoles en Seine-Saint Denis.
Selon le syndicaliste, ces situations existent "depuis longtemps" et "prennent de l'ampleur". "Cette année, ça va être encore pire, il y a deux fois moins de reçus de mutation que les autres années, ça crée des déchirements familiaux. [...] Il faut estimer à environ 3000 collègues qui veulent partir de Seine Saint Denis et pour l'instant, 2000 n'ont pour l'instant aucune chance. Il faudra qu'ils attendent encore trente ou trente-cinq ans. C'est vraiment une catastrophe."
De son côté, Aurélien demandera une nouvelle mutation pour la rentrée 2023, en espérant obtenir, cette fois, une réponse positive.