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Les Grandes Gueules

"C'est l'histoire d'une erreur judiciaire": une journaliste revient sur la mystérieuse agression ultra violente d'une syndicaliste d'Areva

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Caroline Michel-Aguirre invitée du "Grand Oral" des Grandes Gueules pour son livre "La Syndicaliste" (Ed. Stock). L'ouvrage raconte l'histoire d'une syndicaliste d'Areva, accusée d'avoir imaginé son agression.

Du statut de victime à celui de coupable. En 2012, Maureen Kearney est la porte-voix des 45.000 salariés de Areva. La plus haute syndicaliste et l’alter-égo de la direction.

Au moment des faits, la jeune femme bataille pour les salariés de l'entreprise, très inquiets des négociations entre la France et la Chine sur le nucléaire et des transferts de technologies.

Une version mise en doute

Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney est chez elle, elle se brosse les dents mais quelqu'un pénètre chez elle et l’agresse, la ligote, la bâillonne et lui met un bonnet sur la tête. L'agresseur la scarifie, écrit un "A" sur son ventre et lui introduit le manche d’un couteau dans le vagin.

Plusieurs heures après, sa femme de ménage la découvre et appelle les gendarmes. Maureen est en état de choc. La première chose qu’elle parvient à dire c’est que cette agression est en rapport avec son travail et qu’on a voulu l’intimider.

L’enquête commence mais très vite, malgré les marques de son agression, sa version est mise en doute. Les enquêteurs ne trouvent ni de traces de l’agresseur, ni de témoin, ni de bornage téléphonique. De plus, des éléments objectifs à charge vont venir s’ajouter à la liste sur laquelle s’appuiera l’accusation: un scotch retrouvé dans son garage ressemble à celui avec lequel elle aurait été bâillonnée, le chien, malgré qu’il soit sourd et aveugle, n’a pas aboyé et enfin, le manche du couteau aurait dû être expulsé mécaniquement.

"On lui reproche de s’être mêlée de ce qui ne la regarde pas"

Les politiques qui l’ont soutenu, qui l’ont utilisé et manipulé, l’abandonnent. La direction d'Areva la lâche. La justice fait alors le choix de mettre au-dessus de tout, la parole de Luc Oursel, le directeur de l'entreprise de l'époque, malgré la trentaine de syndicalistes venus témoigner de l’honnêteté de Maureen Kearney.

"On lui reproche de s’être mêlée de ce qui ne la regarde pas", affirme Caroline Michel-Aguirre. Finalement, elle va être condamnée en 2017 pour avoir imaginé cette agression qu’elle avait dénoncé à 5 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.

"Non seulement, le procureur de Versailles conclu comme les enquêteurs qu’elle a inventé son agression et classe sans suite l’enquête qui avait été ouverte pour viol, séquestration, acte de barbarie, mais il ouvre dans la foulée une enquête pour dénonciation mensongère contre elle. On lui reproche les dépenses qu’à fait la justice pendant un mois pour rechercher son agresseur".

Relaxée en 2018 par la Cour d’appel, son agresseur lui, n’a jamais été retrouvé.

Les Grandes Gueules (avec Caroline Petit)