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Démission de Barbarin refusée: "Le Pape vient de signer la destruction de l'Eglise"

François Devaux, président de l’association La parole libérée, est déçu mais pas surpris du refus du pape d'accepter la démission du cardinal Barbarin.

Choc et incompréhension après le refus du pape François d'accepter la démission du cardinal Barbarin. Le souverain pontife a accordé un répit au cardinal condamné par la justice française à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'abus sexuels, en refusant sa démission dans l'attente de son procès en appel. Le prélat français s'est tout de même mis en retrait de la direction du diocèse de Lyon pour "tourner une page".

Dans la foulée de sa condamnation début mars, Monseigneur Barbarin avait présenté lundi sa démission au pape, mais ce dernier, "invoquant la présomption d'innocence, n'a pas voulu accepter cette démission", comme l'a expliqué le primat des Gaules dans un communiqué.

"C’est la démonstration que la problématique n’est pas la pédophilie mais l’église elle-même"

François Devaux, cofondateur de l’association La parole libérée, est choqué par ce refus du pape François. Il a laissé éclater sa colère sur Franceinfo ce mercredi matin, traitant le souverain pontife de "traître" et de "Judas". Dans Les Grandes Gueules il explique pourquoi il en veut au Vatican et à l'institution de l'église en général. 

"C’est la démonstration que la problématique n’est pas la pédophilie mais l’église elle-même. Le problème c’est la malveillance de cette institution. L’abus est de toutes parts, il est pédophile, et cet abus est facile à démontrer, mais il est également sur l’abus de pouvoir, l’abus spirituel, l’abus sur les religieuses. C’est un formidable outil pour l’abus. On vient livrer son âme dans un total défaut d'assertivité et de rationalisation à des gens qui ne sont pas du tout compétents."

"Ils se repositionnent très adroitement derrière la justice des hommes alors qu’ils prétendent répondre à la justice divine"

Il dénonce une sorte de double discours à l'heure où l'église tente de faire croire qu'il y a une tolérance zéro concernant la pédophilie. 

"Les institutions malveillantes, dans notre monde, on en a un certain nombre. La différence (avec l’église) c’est qu’on n’arrive pas à accepter qu’elle soit malveillante. Ce qui est écrit dans l’Evangile n’est pas dénué de sens, c’est ce qu’on en a fait qui devient très pervers. Ce n'est pas un débat de foi. Le Vatican ne reconnait très peu de justices compétentes pour le juger et joue sur le spirituel. Ils se repositionnent très adroitement derrière la justice des hommes alors qu’ils prétendent répondre à la justice divine."

Avec des conséquences graves pour l'avenir de l'église ? Oui selon François Devaux. 

"Ce qu'on a démontré avec le procès Barbarin c'est que le sacré pouvait se tromper. A partir du moment où le sacré peut se tromper il est dangereux par définition. C'est tout le message de l'église qui s'effondre donc forcément il y aura des conséquences. Je pense que le pape vient de signer la destruction de l'Eglise."
James Abbott