"Je me prépare à la guerre civile": sur RMC, le témoignage glaçant d'un survivaliste signataire de la nouvelle tribune de militaires
Les tribunes de militaires ont le vent en poupe en ce moment. Et toutes soulèvent la même question: y a-t-il vraiment un risque de guerre civile en France? C’est en tout cas ce qu’estiment certains militaires en activité qui publient un nouveau texte de mise en garde déplorant un climat sécuritaire délétère écrivant que "la guerre civile couve en France et vous le savez parfaitement".
"Cette tribune c'est un coup de gueule que j'ai ressenti alors que je suis impliqué dans les banlieues depuis une quinzaine d'années et que je vois qu'il s'y passe des choses graves. Ce n'est pas encore la guerre civile mais on y vient. Des policiers sont assassinés", plaide ce mardi sur RMC le général Emmanuel De Richouffz, signataire de la tribune.
Et alors que la majorité, Premier ministre en tête, évoque "une tribune politique d’extrême droite", Emmanuel De Richouffz assure lui n'être "ni de droite ni de gauche". "Je suis au service de la France, un point c'est tout", plaide celui qui se présentait pourtant en 2014 aux municipales du Grau-du-Roi (Gard) sous les couleurs du feu Front national.
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"J’ai des armes blanches, du matériel"
Fantasme ou réalité, certains envisagent en tout cas déjà la lutte armée. Et ce témoignage en direct dans les "Grandes Gueules" fait craindre le pire:
"Je me prépare à la guerre civile. J’ai des armes blanches, du matériel. Je ne prendrais pas les armes en tant que citoyen, mais je me prépare en tant que survivaliste. J’ai des armes pour ma survie et pour ma protection, il y a un manque de justice en France", assure sur RMC Kévin, fonctionnaire en préfecture.
Ce dernier sera finalement désavoué timidement par Emmanuel De Richouffz, pourtant signataire de la tribune évoquant le risque de guerre civile:
"Je ne suis pas d’accord, chacun voit midi à sa porte, je ne rentre pas dans ce jeu-là. Moi ce qui m’importe c’est ce qu’on fait de la France demain, ce qu’on fait pour se rapprocher de ces banlieues pour faire du social dans ces territoires pour que les gens aient envie de se raccrocher à notre patrie. On ne m’a pas écouté, j’espère que le prochain plan pour moi sera de présenter mes idées à des gens qui les écouteront quelques soit leur appartenance".
Défiance face à la justice
Quoiqu'il en soit, les propos de Kévin qui se prépare à la guerre civile ont choqué sur le plateau des "Grandes Gueules":
"On laisse passer quelque chose qui me choque profondément. On est dans l’organisation d’une milice d’autodéfense, je suis étonnée que le général ne condamne pas ça plus fermement parce que l’armée c’est l’ordre", s'est ému Isabelle Saporta. "En France, il y a des gendarmes et des policiers et leur rôle c’est le contrôle et la sécurité. Le jour où l’on en est à la loi du Talion et l’autodéfense, c’est la fin de la démocratie. Je suis catastrophée", ajoute l'éditrice.
Mais Kévin se veut rassurant: il ne se prépare qu'"en tant que survivaliste et à titre personnel", et jamais il ne prendra les armes pour remplacer un gendarme.
"Mais je ne crois plus en la justice, demain il arrive quelque chose à quelqu’un de ma famille, je prendrai les armes", ajoute-t-il froidement, plaidant pour une justice plus sévère et plus d’autorité.
Mais sont-ce ceux qui en parlent le plus qui la souhaite également le plus? En tout cas, ceux qui évoquent le risque de guerre civile sont peut-être les plus préparés à l'événement.
Car le survivalisme, c'est aussi la mouvance dont se revendiquait Frédérik Limol, l'homme qui tuait trois gendarmes dans le Puy-de-Dôme en décembre dernier:
"Il était contre les vaccins, les médicaments, il ne buvait pas d'eau du robinet, susceptible de contenir des agents chimiques pour contrôler les esprits. Il aimait la messe en latin comme son père, un ancien militaire. (...) Il me disait 'On est un petit groupe, on se prépare, parmi nous il y a des policiers, des gendarmes'", disaient notamment de lui à BFMTV son ancienne compagne.
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"Une menace qui n'existe pas"
"Nous ne sommes pas au bord d'une guerre civile, c'est complètement faux", a déclaré mardi le coordonnateur national du renseignement, Laurent Nuñez, en réponse à une tribune de militaires parue dimanche dans le magazine Valeurs Actuelles.
"C'est exciper une menace qui n'existe pas (...) il n'y a pas un camp contre un autre dans notre pays", a-t-il déclaré M. Nuñez, jugeant ce raisonnement "complètement faux".
"Il y a des individus qui commettent des infractions, il y a des individus qui veulent prôner la dominance d'une loi religieuse et qui conduisent à un séparatisme que nous combattons", a ajouté l'ancien directeur général de la sécurité intérieure (DGSI).
Cette tribune de "militaires", en activité mais anonymes, fait suite à un premier texte signé le 21 avril par "une vingtaine de généraux" en retraite. Dans ce nouveau texte qui appelle les autorités à "agir" pour "la survie" du pays, les militaires affirment que "la guerre civile couve en France" et que "l'armée maintiendra l'ordre sur son propre sol, parce qu'on le lui demandera".
"Ce n'est pas un scénario dans lequel je veux me placer", a balayé le coordinateur, assurant que ce rôle opérationnel incombait en premier lieu au forces intérieures et non pas aux militaires, a-t-il tenu à rappeler.