"La crise des urgences est le miroir grossissant de tous les dysfonctionnements de notre système de santé", dénonce un médecin urgentiste

La crise des urgences s’amplifie encore un peu plus. Alors qu’à l’hôpital de Saint-Etienne, un patient de 72 ans a passé cinq jours sur un brancard sans avoir accès à une chambre, le collectif Inter-Urgences a annoncé dans un communiqué publié lundi que 211 services d’urgences sont désormais en grève dans toute la France.
Une grève qui ne cesse de prendre de l’ampleur, mais qui pour certains n’a pas grande utilité puisque les médecins sont mobilisables. Surtout que si les urgences sont le centre du problème, il n’y a pas que ces services de santé qui sont en crise.
"Les urgences sont le miroir grossissant de tous les disfonctionnements de notre système de santé. Nous avons besoin d’une autre politique de santé. La ministre nous a accordé une aumône qui ne correspond pas du tout au besoin", affirme Christophe Prudhomme, médecin urgentiste.
Il déplore notamment le manque de personnel qui contraint certains services d’urgence à fermer la nuit. "A Sisteron, dans une région touristique, les urgences ferment à 20 heures. Donc si vous venez à 20h30, il faut que vous alliez à Gap qui est à 50km", explique-t-il.
"Buzyn n’est pas là pour faire la belle dans les médias"
Alors comment régler cette crise alors que les réformes des différents gouvernements ont, selon le médecin urgentiste, toute fait empirer la situation ?
"Aujourd’hui, il y a besoin de réinjecter massivement des moyens. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, c’est Bercy qui gouverne. Et on nous explique qu'à cause de la dette qu’on va soit disant laisser à nos enfants, il y a des gens qui meurent sur des brancards aux urgences. Il y a des problèmes urgents aujourd’hui et il faut qu’on desserre le cordon de la bourse", affirme-t-il.
Il vise frontalement la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui ne fait pas son travail, selon lui. "La ministre de la Santé, elle est là pour assurer la continuité du service public et pour assurer le dialogue social. Elle n’est pas là pour faire la belle dans les médias et dire que quand il fait chaud, il faut boire. Ça, ce n’est pas son rôle. Pour ce type de discours, il y a des professionnels compétents. La ministre, elle est là pour que le service public fonctionne ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et il n’y a aucun dialogue avec elle", insiste Christophe Prudhomme.
Les syndicats veulent étendre le mouvement à tout le monde hospitalier à la rentrée. Ils envisagent une journée d'action le 11 septembre.