La gratuité des billets de trains pour les cheminots à nouveau menacée: "Qu'on s'occupe d’abord des privilèges d’en haut"
La gratuité des billets pour les cheminots fait son retour médiatique. Les billets gratuits accordés aux travailleurs du rail et à leurs proches, sont de nouveau menacés. Lundi, le ministre des Transports a assuré qu’il était d’accord "sur le principe" pour que les cheminots "gardent des avantages en nature", mais a déploré un périmètre d’application "très large", alors que la gratuité ou les fortes réductions accordées sur les billets aux cheminots en activité ou retraités, profitent à leurs conjoints, leurs enfants de moins de 21 ans et leurs parents.
"Tenter de provoquer un débat national autour de ce droit est grotesque et irresponsable", a lancé la CGT-Cheminots dans la foulée. "Il n'y a "rien à discuter, ni à négocier", a renchérit Sud-Rail dans la foulée, alors que la direction de la SNCF elle-même a indiqué dans un message interne rapporté par l’AFP qu’elle entendait "maintenir dans la durée et dans les conditions actuelles les facilités de circulation", pour ses salariés.
"Il faut faire le ménage partout"
La menace qui plane sur la fin de la gratuité des billets de trains pour les cheminots a miraculeusement permis de fédérer (presque tout) le plateau des "Grandes Gueules" ce mardi. "Les cheminots c’est une famille et ils se soutiennent parce qu’ils ont ces avantages-là, même lorsqu’ils ne travaillent plus. A vie, ils sont toujours cheminots", a estimé le docteur Jérôme Marty sur le plateau des "Grandes Gueules" ajoutant que si le ménage dans les avantages devait être fait chez les cheminots, il devrait également l’être fait partout.
"C’est un mal français. Cela me fait penser aux politiques qui vont bénéficier de plusieurs retraites, qui ont été maires, députés, sénateurs et qui vont bénéficier de ces avantages jusqu’à la fin. A ce moment-là, il faut faire le ménage partout", ajoute le praticien.
"Le problème c’est que Sud-Rail dit non à tout"
Même son de cloche chez Barbara Lefebvre: "C’est un métier avec des contraintes horaires, une vie de famille pas facile. Je ne vois pas bien en quoi cet horrible privilège dont bénéficieraient quelques milliers de cheminots viendrait grever les caisses de la SNCF. Cette capacité à s’en prendre aux petits, c’est la même chose avec les profs, cette espèce de mépris pour les 'privilégiés'. Tous les gens qu’on des petits salaires, qui sont la catégorie des employés, ils ont peu de privilèges et d’avantages, il faudrait qu’on s’occupe d’abord des privilèges d’en haut", tacle-t-elle.
"Le problème c’est que Sud-Rail dit non à tout. Qu’ils gardent leurs avantages mais qu’ils acceptent de faire évoluer leur métier. Le cheminot de 2021 n’est pas celui de "La bête humaine". Le cadre de la SNCF bénéficie de ces billets gratuits et la pénibilité de son travail ne justifie pas cet avantage", tempère de son côté Olivier Truchot.
Le retour du débat sur la fin de la gratuité des billets pour les cheminots arrivent alors que les policiers pourraient bientôt profiter du même avantage: à partir du 1er janvier 2022, les policiers qui circulent en TGV ou en Intercités pour leur trajet domicile-travail, devront être armés et se signaler auprès du contrôleur et pourront ainsi voyager gratuitement. En contrepartie, les agents de la SNCF pourront leur demander d'intervenir, notamment en cas d'agression.
De quoi exacerber les tensions et faire planer le spectre d'une nouvelle grève d'ampleur sur le réseau ferroviaire français: "L'attribution d'un nouveau droit pour une catégorie de salariés ne peut se faire en supprimant ce même droit à celles et ceux qui, précisément, œuvrent chaque jour à faire fonctionner le service public ferroviaire", juge la CGT-Cheminots tandis que Sud-Rail dénonce une mesure "clientéliste, "populiste" et même "potentiellement dangereuse".
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