"La société va plus vite que vous, on n’a pas les moyens d’investir et de changer d’une année à l’autre", dénonce un agriculteur
La France veut sortir complètement du glyphosate d’ici 2021. Pourtant, selon un rapport parlementaire, il sera difficile de tenir ce calendrier notamment parce qu’une sortie du glyphosate à cette date représenterait un coût élevé pour les agriculteurs. "Il est crucial que le gouvernement clarifie son message à l'égard des agriculteurs, en premier lieu à l'égard de ceux qui seront soumis à l'interdiction du glyphosate dès le 1er janvier 2021", précise le rapport.
Selon le député LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, ce calendrier "est tenable sur une partie des usages, mais il y a une partie des usages où ça va être compliqué. Pour certaines plantes, il va y avoir une chute de rendement".
Augmentation des coûts de production
Pour les agriculteurs, il y a un réel manque de clarté dans ce que dit le gouvernement. Julien, agriculteur dans le Finistère, regrette le manque de cohérence.
"Je vais acheter une bineuse pour faire du désherbage et l’année prochaine, on va me dire vous consommez trop de fioul, vous polluez l’air, votre bilan carbone n’est pas bon donc il faut changer encore. Il y a un moment la société va plus vite que vous, on n’a pas les moyens d’investir et de changer d’une année à l’autre, ça va trop vite", explique-t-il.
Une sortie du glyphosate à ce stade demanderait notamment davantage de main d'œuvre, trois ou quatre fois plus de carburant, des investissements en matériels nouveaux et d'autres produits chimiques. La suppression de cet herbicide bon marché alourdira les charges des exploitations entre 50 et 150 euros l'hectare, selon le rapport. Les coûts de production du blé augmenteraient de 10 euros la tonne. Les techniques alternatives de désherbage émettraient aussi 226.000 tonnes de CO2 supplémentaires, selon l'association générale des producteurs de céréales AGPB citée dans le rapport.