Lutte contre le terrorisme: "Il faut regrouper les services et partager les informations"
Alors que la commission d'enquête sur les attentats de Paris en janvier et novembre 2015 a commencé ses auditions ce lundi, l'ancien patron du RAID Jean-Louis Fiamenghi, a plaidé dans les Grandes Gueules pour une fusion des forces d'intervention. "En France on a un retard sur l'analyse", a-t-il commencé. "Il y a pas mal de choses à revoir. Un jour il sera temps de former un service antiterroriste entre la police judiciaire et les renseignements". "En France il y a un parquet antiterroriste et entre la direction de la police judiciaire, la DGSI et la DGSE, il y a plusieurs services qui concourent à la lutte antiterroriste, mais il n'y a pas de brigade antiterroriste", a regretté l'ancien patron du RAID.
Pour Jean-Louis Fiamenghi, "les hommes politiques manquent de courage, car on pourrait faire une unité d'intervention qui soit hors de toute administration particulière et partisane".
Ce qui ne l'a pas empêché de qualifier Bernard Cazeneuve, de "très bon" ministre de l'Intérieur.
"Partager ses informations n'est pas dans la culture des services"
Selon Jean-Louis Fiamenghi, la guerre des polices et la rétention d'information qui en découle parfois est une tare qu'il faut combattre en continuant à "rapprocher tous les services pour éviter la guerre des polices". "C'est toujours à celui qui ramènera la meilleure information, et à un moment c'est vrai qu'il peut y avoir une certaine cacophonie. Faire partager ses informations n'est pas dans la culture des services de renseignement. Il faut changer notre façon de faire", exhorte-t-il.
"La seule psychologie, c'est la neutralisation"
Un changement opérationnel de toute façon dicté par la nouvelle forme de terrorisme jihadiste. "A mon époque, on envoyait un négociateur pour discuter, raconte Jean-Louis Fiamenghi sur RMC. Là, (les terroristes) n'ont pas envie de discuter. Le GIGN, le RAID et la BRI sont en train de changer leur mode opératoire. Il faut aller très vite, ce sont les citoyens qui sont visés et il n'y a plus de psychologie. La seule psychologie (maintenant), c'est la neutralisation".
C'est pour cela, selon lui, que l'on a retrouvé plus de 1.500 cartouches dans l'appartement de Saint-Denis dans lequel a été neutralisé Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats de novembre. "Est-ce qu'on est au stand de tir ou est-ce qu'on doit neutraliser une cible qui a des explosifs ? C'est vrai qu'il y a eu des tirs de saturation, mais la mission était de le neutraliser, et il a été neutralisé".