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Peut-on insulter son patron sur les réseaux sociaux?

Alexis Louvet, employé par la RATP et syndicaliste à la CGT, a été suspendu un mois par sa direction, qui lui reproche un message "injurieux et insultant" sur la messagerie What's App. Il s'est défendu ce jeudi dans les Grandes Gueules.

La RATP a mis à pied un syndicaliste qui avait tenu des propos jugés "injurieux et insultants" à l'égard d'un chef et de deux collègues. Alexis Louvet, employé par la RATP et syndicaliste à la CGT qui travaille au centre bus Pleyel à St-Denis, a été mis en disponibilité d'office sans traitement pendant un mois, à la suite d'un conseil de discipline. En cause: un message vocal émis via la messagerie What's App le 2 mars dernier. Pour lui, c'est un message de nature privé envoyé hors de son lieu de travail et sur ses heures de repos. Mais le message a été envoyé à une centaine de collègues en vue de préparer une grève.

"Le contexte à la RATP c'est la préparation de la privatisation avec des enjeux comme la réduction des coûts partout, donc une dégradation des conditions de travail. L'autre enjeux, c'est de briser toutes les résistances. C'est pour mes activités syndicales que je suis sanctionné", explique d'abord Alexis Louvet, ce jeudi dans les Grandes Gueules.

"Un message privé"

Il rappelle que le message était sur "un groupe privé de machinistes crée à l'occasion de la préparation d'une grève". "L'objet du message n'est en aucun cas d'insulter la direction, et je n'insulte aucun collègue dans le message. Je fais une mise au point. J'ai été trop violent verbalement, je le reconnais (…) Immédiatement j'ai envoyé un message écrit d'excuses à l'ensemble des participants au groupe. Le lundi matin suivant, je suis allé trouver chacune des trois personnes mises en cause et je leur ai présenté mes excuses face-à-face, acceptées par chacune de ces personnes".

"Puis j'ai été désigné par mes collègues en milieu de matinée porte-parole des grévistes. J'ai donc porter en présence du directeur et d'une quarantaine de grévistes une parole assez désagréable envers la direction. J'ai un peu allumé la direction, en toute courtoisie. Et alors que le matin même le directeur et les deux personnes concernées avaient salué mon attitude, le soir j'ai reçu un appel du directeur m'indiquant qu'il avait pris connaissance du message et que je risquais une sanction très lourde."

"Là, on n'est plus dans le caractère privé"

"What's App est une messagerie privée, mais le problème c'est qu'ils étaient une centaine sur ce groupe, donc on a dénaturé le caractère privé d'une messagerie entre deux personnes", explique de son côté Antoine Chéron, avocat spécialiste des nouvelles technologies. Lorsqu'on est une centaine, on n'est plus dans l'espace privé et on diffuse de l'information à un certain nombre de collègues de l'entreprise. Là, le caractère privé vole en éclat." "Pour Alexis Louvet la question centrale c'est de montrer comment l'employeur a obtenu l'information. C'est la question de la loyauté de la preuve. Son avantage c'est qu'ils l'ont forcément obtenu avec des moyens qui ne sont pas légaux".

Ce que pense d'ailleurs l'intéressé, qui explique que sa direction a forcément cherché à se faire communiquer le message à proprement dit par une tierce personne.

P. G. avec les GG