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Les Grandes Gueules

Statut de réfugié pour un cadre supposé de Daesh: "Il faut une plus grande coopération entre les services de renseignements"

Georges Malbrunot

Georges Malbrunot - Image Numéro 23 / RMC

Les Grandes gueules s'étonnent de voir qu'un homme supposé cadre de Daesh, a pu obtenir le statut de réfugié malgré son passage devant l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

Soupçonné d’avoir été un cadre de Daesh, un Irakien a été mis en examen le 9 mars dernier pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "crimes de guerre", comme l’a annoncé le parquet de Paris jeudi. Arrivé en France à l’été 2016 au milieu du flot de réfugiés syriens et irakiens, Ahmed H. avait obtenu son statut de réfugié politique en juin 2017 auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), avant de recevoir une carte de résident pour 10 ans.

Ce vendredi, les Grandes gueules s’interrogent sur les dysfonctionnements supposés au sein de l’Ofpra. Pour Marie-Anne Soubré, l’organisme ne fait même pas d’enquête: "Ce n’est pas normal qu’on lui donne son statut de réfugié et que juste après la police se rende compte qu’on a affaire à un cadre de Daesh. Cela aurait dû se faire en amont !", clame l’avocate qui a par le passé travaillé avec l’Ofpra.

Plus de coopération entre les services de renseignements

Pour Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, il n’est pas si facile de sonder le passé des réfugiés: "Est-il rentré avec son vrai passeport ou a-t-il utilisé un faux ? On sait que Daesh recyclait des passeports qu’ils prenaient aux étrangers ou à leurs prisonniers (…) C’est très difficile de vérifier, on est face à des gens qui dissimulent leurs intentions et leurs identités".

"Les irakiens ont une liste des gens de Daesh qui ont quitté le territoire irakien. Les irakiens m’avaient dit depuis deux-trois ans qu’il y avait parmi les réfugiés des anciens de Daesh. On a eu connaissance d’une liste de 172 individus. Il y a eu dernièrement une cinquantaine de migrants arrivés par la Sicile qui seraient également des anciens de Daesh. Il faut une grande coopération entre les services de renseignements européens et irakiens", explique-t-il.

Soupçonné d'être impliqué dans le massacre de 1.700 personnes

À l’été 2017, Ahmed H. avait été identifié et suivi par les services de renseignements avant d’être signalé à la justice soupçonnée d’être un cadre de Daesh en Irak. Il aurait notamment participé au massacre d’un camp militaire à Tikrit en 2014. Daesh avait alors enlevé de jeunes recrues de l’armée irakienne et les avait exécutés. Environ 1.700 personnes avaient été tués. Il est également soupçonné d'avoir administré pour le compte du groupe terroriste, la région de Samarra au nord de Bagdad.

En novembre 2017 la justice française ouvre une information judiciaire pour crimes de guerre et crime contre l’humanité. Le 6 mars 2018, Ahmed H. est arrêté à Lisieux (Calvados) par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’homme continue de nier les faits qui lui sont reprochés.

Les GG (avec G.D.)