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Jean-Louis Borloo: "On a l'impression que l'on parle de nos quartiers comme d'un pays étranger!"

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L'ancien ministre a récemment livré un rapport sur les quartiers populaires au gouvernement. Invité de M comme Maïtena ce jeudi sur RMC, il a répondu à ceux qui estiment que l'investissement en banlieue est un "gâchis".

Jean-Louis Borloo et de nombreux acteurs des quartiers populaires ont rendu un rapport au Premier ministre Edouard Philippe le 26 avril. 164 pages de recommandations et 19 programmes pour re-dynamiser les banlieues intitulés "Vivre ensemble - vivre en grand la République pour une réconciliation nationale". Courant mai, le président de la République devrait annoncer les mesures qu'il compte mettre en place après avoir étudié ce rapport qui prévoit de nombreux investissements.

Invité de M comme Maïtena ce jeudi, l'ancien ministre a été interpellé par un auditeur habitant Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) qui estime que l'investissement dans les quartiers populaires revient à remplir un tonneau des Danaïdes (une tâche sans fin, en référence au mythe grec des Danaïdes condamnées à remplir éternellement un trou percé). Il justifie son propos en expliquant qu'après les rénovations de quartiers délabrés, le mobilier urbain était très rapidement dégradé.

"Avons-nous le choix?"

Une référence que n'approuve pas Jean-Louis Borloo, qui a tenu à lui expliquer pourquoi, à ses yeux, il ne fallait surtout laisser la situation se détériorer dans les quartiers populaires, ce qui reviendrait à les abandonner.

"C'est son ressenti et il est très largement partagé. Mais ce n'est pas vrai. A Clichy-sous-Bois il y a eu 30% de policiers en moins. Dans le 7e arrondissement de Paris on n'a pas supprimé de postes. 40% en moins à Sevran, 35% à Montreuil... On a l'impression que l'on parle de nos quartiers, français, comme d'un pays étranger. Comme si on disait: 'C'est combien l'aide au développement qu'il faudrait apporter'. Je comprends tout ce que vous me dites, et croyez-moi ça me blesse aussi."

L'ancien ministre évoque ensuite la situation des constructions dans les quartiers populaires en donnant l'exemple de Clichy-sous-Bois. Il estime qu'on a "menti aux gens depuis 50 ans" en leur promettant "le métro dans un an, le tramway, le train et périphérique à moins de trois minutes".

"Laisser la situation se détériorer c'est ça qui coûte une fortune"

"C'est ça la réalité. Avons-nous le choix ? Avons-nous le choix que de laisser ces quartiers partir complètement à la dérive. On n'a pas fait ! On a menti ! Ca fait quatre ans qu'aucune opération n'a démarré en France".

Autre problème majeur: la situation des transports que Jean-Louis Borloo juge médiocre et doit également être un axe de travail à développer pour le gouvernement.

"Je considère que l'état des transports de la banlieue parisienne est inacceptable. (...) Il y a eu des mauvaises habitudes Je ne suis pas pour le laisser-aller. Mais je ne suis pas non plus pour laisser la situation se détériorer car c’est ça qui coûte une fortune", conclut-il.
J.A. avec M comme Maïtena