La détresse d'une surveillante pénitentiaire sur RMC: "Personne ne peut risquer sa vie pour un Smic!"
Supprimer les courtes peines pour privilégier les peines alternatives, exécution immédiate des peines… Emmanuel Macron présente ce mardi les principes de sa "refondation" pénale qui vise à rendre les peines plus efficaces mais aussi de lutter contre la surpopulation carcérale.
Ce mardi dans M comme Maïtena, Nadia témoignait de son quotidien de surveillante pénitentiaire. "Là, moi, où je travaille aujourd'hui, ce ne sont pas des cellules mais des dortoirs de 20 mètres carrés avec 7 ou 8 détenus. Normalement c'est 9 mètres carrés par détenu. Ça engendre des problèmes de promiscuité. Certains sont obligés de prendre des somnifères pour dormir. Il y a plein de petits problèmes comme ça qui s'ajoutent qui font que la prison devient une cocotte-minute. Les conditions de détention lamentables des détenus, ce sont nos conditions de travail", a-t-elle raconté sur RMC.
"A quel moment on parle des violences verbales, physiques que l'on subit tous les jours?"
Et de détailler les violences dont elle est témoin tous les jours: "La semaine dernière, le même jour, on a eu un détenu de 24 ans qui est décédé. Un autre s'est fait passer à tabac par un codétenu, je n'ai jamais vu une tête au carré de cette puissance-là en 11 ans de carrière. Pourtant j'ai travaillé avec des ultra-violents mais là je n'ai jamais vu ça".
"Personne ne peut signer pour risquer sa vie pour un Smic! Comment vous voulez qu'on recrute? On ne peut même pas nous donner la catégorie B, c'est-à-dire le même statut qu'un policier. On prend les mêmes risques, voire pire. On n'a pas d'arme. On va sur les coursives avec 100 détenus avec un sifflet!"
"Il faut revaloriser notre métier. Hier sur LCP, ils ont fait un reportage sur les violences commises sur les détenus par le personnel pénitentiaire, mais ça représente une infime partie des surveillants de prison. Ce sont les brebis galeuses de notre métier. Mais à quel moment on parle des violences verbales, physiques que l'on subit tous les jours? A quel moment on prend ça en considération pour nous?", s'est-elle aussi indigné.