Européennes: vers une alliance Generation.s - PCF - Place publique?
La gauche parviendra-t-elle à peser dans le débat des élections européennes qui approchent à grand pas ? Après la débâcle aux élections présidentielle et législatives, la gauche traditionnelle peine à se reconstruire et à peser dans la vie publique. Si Jean-Luc Mélenchon et sa France insoumise restent hors de toutes discussions, le reste des formations politiques à gauche de La République en marche tente de s'unir sans trouver d'accord.
Mehdi Ouraoui était l'invité de Radio Brunet ce mardi pour évoquer ce sujet sensible. Le porte-parole de Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon, minimise la crise à gauche alors que les intentions de vote de toutes les formations de gauche réunies ne comptabilisent que 28%.
"Il faut arrêter l’intox ! On nous vend le mythe des six ou sept listes de gauche, ça n’est pas le cas. Il y a Mélenchon qui assume je trouve assez courageusement un positionnement populiste contre l’oligarchie. Jadot dit qu’il ne veut pas entendre parler de reconstruction de la gauche. Il reste Generations, Place publique, Nouvelle donne, le PCF et le PS."
"J'ai bon espoir que ça fonctionne (...) c'est une convergence naturelle"
Mais de ces formations restantes, Mehdi Ouraoui ne semble pas vouloir avoir à faire avec le PS d’Olivier Faure qui contient encore "un paquet" d'éléments qui ont soutenu, ou soutiennent même encore Emmanuel Macron, selon lui.
"(Parmi ces partis) les premiers peuvent s’entendre, mais pas avec le dernier. J’ai bon espoir qu’à la fin ça fonctionne bien, (...) avec une convergence naturelle qui se fait entre Place publique (de Raphael Glucksmann), Generation.s (de Benoît Hamon) et le PCF. Mais on ne demandera pas de réhabiliter la vieille boutique socialiste.
J’ai envie qu’enfin les vieux partis, les vieux appareils nous laissent tranquilles. J’ai envie qu’on parle de revenu universel, de taxe GAFA etc… Pas envie de parler de la boutique d’Olivier Faure qui prend l’eau."
Mehdi Ouraoui est optimiste et estime qu'il y a "un appétit de justice sociale" dans le pays. "Il faut, dans la tenaille entre les ultra libéraux et les nationalistes, il faut un scénario de gauche, écologiste, qui aime l’Europe. Nous, on va porter ça."
"Il y a un espace, mais ils ne savent pas faire rêver"
Si le projet collectif semble avoir sa place sur l'échiquier politique, Jean Guarrigues, historien politique également invité de Radio brunet ce mardi, estime que son incarnation pose problème.
"A gauche, il y a eu des gens qui ont su faire rêver. Ce que portaient Gambetta, Jaurès, Blum, c’était une prophétie, un rêve, un dessein, une autre société qui se profilait. C’est le défi aujourd’hui. Il y a un espace, c’est vrai. Cette gauche porte le revenu universel, un éco-socialisme neuf. Mais ils ne savent pas faire rêver avec ça. Ils manquent déjà de charisme, ce qui est important en politique. Il manque cette capacité à convaincre les gens.
Le programme de Benoît Hamon (à la présidentielle) était très intéressant et était peut-être le plus original de ce qu’on nous proposait. Mais il n’arrivait pas à montrer aux gens en quoi tout ça pouvait représenter quelque chose de positif pour eux. Il y a du grain à moudre."
Reste à voir si la gauche aura assez de temps pour se reconstruire et convaincre.