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Hôpitaux publics: "C'est la dictature du chiffre, l'intérêt du patient passe au second plan"

Pour le professeur Philippe Halimi, chef de radiologie à l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, il est temps que l'hôpital public sorte de sa "logique financière".

Pour le professeur Philippe Halimi, il est grand temps de réformer l'hôpital public. Dans son livre, Hôpitaux en détresse, patients en danger (Ed. Flammarion), le chef de service de radiologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris lance un cri d'alarme.

"Nous sommes actuellement dans une logique hospitalière qui est une logique financière, donc c'est la dictature du chiffre. L'intérêt du patient passe au second plan. L'intérêt d'un directeur d'hôpital, c'est de faire du chiffre quelles que soient les conditions dans lesquelles on est amené à travailler, c'est-à-dire qu'on peut faire des examens inutiles, des examens dangereux", a-t-il expliqué dans Radio Brunet.

"Il y a un malaise profond"

Il déplore un épuisement du personnel: "Depuis qu'on a orienté la direction des hôpitaux publics vers une direction purement financière, comptable, violente avec des conséquences sur le terrain, on n'a jamais perdu autant d'argent. Parce que derrière, ça ne suit pas, il y a un malaise profond. Il n'y a pas d'adhésion des personnels de santé parce qu'on leur demande souvent de faire des choses qui sont contre leur éthique de travail. Et jamais une entreprise ne peut marcher s'il n'y a pas une adhésion de ses membres".

Philippe Halimi prône donc un retour en arrière: "Je pense qu'on n'est même pas dans le mur, on est dans l'épaisseur du mur, il faut qu'on revienne en arrière. Il faut commencer à respecter les personnels, car ils sont maltraités, ce sont des pions qu'on déplace sur l'échiquier".

P.B.