Imminence d’une guerre civile en France? "Ce thème s’avère rentable pour certaines formations politiques"
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Invité mardi matin dans Bourdin Direct, Louis Aliot, vice-président du FN, affirme que "la guerre civile menace" le pays, reprenant la mise en garde formulée lundi par Marine Le Pen. David Djaïz, auteur de La guerre civile n'aura pas lieu, réagit à ces affirmations ce mercredi.
"La perspective d'une guerre civile n'est plus un fantasme." C'est ce qu'atteste la présidente du Front national, Marine Le Pen. Lors d'un point presse dans le Nord, à Lille, la candidate à la présidentielle expliquait que le pays était au bord du gouffre à cause d'une mauvaise politique d'immigration. Une affirmation que ne partage pas David Djaïz, normalien et énarque, qui estime que cette hypothèse repose sur une grande confusion.
"Je ne crois pas du tout, cette hypothèse de la guerre civile, plausible. Elle repose dans le débat public français, sur une confusion. On met dans le même sac des attentats terroristes et les problèmes d’insécurité et de délinquance. Les attentats sont commis par une infime minorité de gens, qui sont des djihadistes et qui ont un but bien précis. Tandis que les problèmes d’insécurité et de délinquance sont communs à n’importe quelle société. Au fond, on essaye de faire croire, pour des raisons politiques, qu’une grande insurrection se prépare, et qu’il faut être dans un camp ou dans l’autre. Ça me parait totalement improbable".
Pour l’auteur de La guerre civile n’aura pas lieu aux éditions du Cerf, il ne s’agit que de récupérations politiques qui empêchent d’entrer dans le cœur du débat.
"Tout ça n’est concerté que dans la tête de certains idéologues et d’une certaine presse. Ils cherchent à accréditer l’idée que la guerre civile approche, pour des fins électoralistes. Dans cette campagne présidentielle, ce thème s’avère rentable pour certaines formations politiques. Je le regrette parce que cela empêche de s’interroger sur ce qu’est le djihadisme français, qui existe bel et bien. Il y a une infime minorité de jeunes qui ont commis des atrocités contre leurs propres citoyens. Je crois que le vrai sujet est de se demander, pourquoi ces jeunes ont commis ce qui sont vraiment des actes de guerre civile? Des actes qui ne sont pas 'une' guerre civile, puisque qui dit guerre civile, dit que des camps et des factions s’affrontent".