La police va-t-elle trop loin face aux "gilets jaunes"?
Après un nouveau week-end de tensions en marge de manifestations de "gilets jaunes", la violence de la réponse policière fait débat. Est-elle proportionnée? D'autant qu'une figure emblématique du mouvement a été gravement blessée à l'oeil samedi à Paris place de la Bastille pendant qu'il filmait en direct. Un tir de LBD ou de grenade de désencerclement serait à l'origine de la blessure.
Néanmoins, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez, a affirmé lundi que les forces de l'ordre allaient "continuer à utiliser" le controversé lanceur de balles de défense (LBD), assurant que l'usage des "armes intermédiaires" est "proportionné", et Emmanuel Macron a envoyé son soutien aux forces de l'ordre depuis l'Egypte.
"Ces dernières semaines montrent que le LBD n'est pas une arme de maintien de l'ordre"
Les policiers sont-ils surarmés? Certains spécialistes le pensent mais le secrétaire d'Etat assure le contraire. "Il ne faut pas laisser penser qu'il y a une généralisation des armes intermédiaires, c'est totalement inexact. Mais sans leur utilisation, il y aurait des policiers et des gendarmes qui auraient été sévèrement pris à partie, voire même tués".
Invité de Radio Brunet, ce lundi, Fabien Jobard, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des questions de police, estime qu'il faut que les policiers aient d'autres moyens que le LBD pour maintenir l'ordre sereinement durant les manifestations de "gilets jaunes".
"Il leur faut des armes de maintien de l'ordre, et les événements de ces dernières semaines montrent que le LBD n'était pas une arme de maintien de l'ordre. Il leur faut des moyens et du discernement.
En maintien de l'ordre la ligne de commandement est très courte entre le politique et le policier. Il faut au politique qui commande qu'ils se soumettent eux-mêmes à la doctrine du maintien de l'ordre. J'étais surpris que les politiques semblaient contribuer à l'escalade de la situation, à faire peur aux manifestants, qui s'équipent. Et faire peur aux policiers. "
"On ne va pas chercher à savoir qui a cassé on dégage tout le monde"
Egalement invité de l'émission, Denis Jacob, secrétaire général alternative police CFDT, semble d'accord sur le fait qu'il faille moins d'accidents, mais rappelle la violence à laquelle sont soumises les forces de l'ordre lors des manifestations de ces dernières semaines. Et estiment qu'il faut trouver un juste équilibre.
"Il y a une photo de ce week-end où l'on voit les projectiles que mes collègues ont reçu: boules de pétanque, boulons, fers à cheval. Et en région même des armes artisanales qui permettent de lancer des cocktails molotov sur les policiers. Donc quand on dit qu'il ne s'est rien passé... Il y a une grande majorité de gilets jaunes pacifistes. Mais dans le lot il y a des casseurs et on ne va pas chercher à savoir qui à cassé on dégage tout le monde."