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Prélèvement à la source: des soucis concernant la vie privée?

Les employeurs auront accès à des informations sensibles concernant les finances de votre foyer fiscal. Est-ce que cela pourrait causer des problèmes d'ordre privé ?

Le prélèvement à la source soulève de nombreuses questions. Et même au plus haut point de l'Etat. L'entrée en vigueur de cette réforme au 1er janvier n'est plus certaine: Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il attendait "des réponses précises" avant de décider, après des mois de préparation du pays à cette réforme majeure.

"J'ai plutôt l'intention de conduire cette réforme à son terme, mais j'ai demandé aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore, avant de donner une directive finale", a expliqué le président au cours d'une conférence de presse à Helsinki.

Un des points qui pose problème au regard de certains spécialistes de la question est celui de la vie privée. Invité de Radio Brunet ce vendredi, Olivier Auguste du quotidien économique L'Opinion, est également sceptique concernant cette mesure et explique pourquoi cela posera, à ses yeux, des problèmes relatifs à la privée. 

Par déduction, les patrons sauront tout des revenus du foyer fiscal

"On nous dit que les employeurs ne connaîtront pas les autres revenus de votre foyer. Votre employeur connaît votre salaire et on va donner le taux qui s'applique à votre revenu. Ce taux découle de l'ensemble des revenus de votre foyer et de la composition de votre foyer. Ces éléments les employeurs le connaissent parfaitement. Depuis un an ou deux il est obligé de vous cofinancer une complémentaire."

Ainsi, par déduction, on peut savoir beaucoup sur les autres revenus du foyer fiscal: maison secondaire, placements financiers, immobiliers...

"Connaissant le taux que le fisc va lui donner et connaissant par ailleurs la composition de votre foyer, votre patron aura une idée assez précise de ce que votre conjoint peut gagner. Ou si vous avez des revenus complémentaires avec des placements financiers..."

Certains patrons peu scrupuleux pourraient ainsi utiliser ces informations confidentielles à des fins peu avantageuses pour les salariés.

"Peut-être que certains patrons pourront se dire: 'Celui-là son augmentation de fin d'année pourra attendre un petit peu car il est pas mal loti et qu'après tout il pourra se passer de quelques dizaines ou centaines d'euros en plus."
J.A. avec Radio Brunet