Alerte sur les risques du travail de nuit: "Nous sommes programmés pour être actifs le jour"
Dia, femme de ménage a travaillé pendant plus de trois ans très tôt le matin et tard le soir. Depuis mai, elle a des horaires de journée. Pour elle, c'est une nouvelle vie: "C'était trop dur avant avec les décalages d'horaires, et là maintenant ça me soulage vraiment, je suis moins fatiguée, je suis plus libérée".
Jean-François Renaut, son employeur, dirigeant d'une entreprise de nettoyage cherche constamment à convaincre ses clients de privilégier le travail de jour: "C'est un travail de longue haleine parce qu'il faut casser les codes habituels. Le bien-être de l'humain est extrêmement important dans la mesure où ça assure une meilleure qualité d'intervention et une meilleure intégration au sein de l'entreprise".
Un bien-être largement affecté par les horaires de nuit. Depuis des années, Laurence Weibel, chronobiologiste à l'Institut national de recherche et de sécurité, encourage la prévention sur cette thématique: "L'homme est fondamentalement diurne c'est-à-dire que nous sommes programmés pour être actifs le jour et dormir la nuit. Cette programmation ne va pas s'inverser parce qu'on doit travailler la nuit. Il y a des effets à très court terme type période d'hypovigilance, problèmes de sommeil, de somnolence et même la survenue de cancer du sein".
"Certains sont prédisposés à être du matin"
Et face au travail de nuit, nous ne serions pas tous égaux: "Il y a des chronotypes différents: certains sont prédisposés à être du matin, d'autres sont du soir. La majorité des gens va se lever à 7h du matin et se coucher à 23h. Mais 5% des gens sont du matin, 5% sont du soir. Par ailleurs, en vieillissant, l'horloge biologique est moins souple et a du mal à se recaler donc c'est beaucoup plus compliqué pour récupérer", détaille la médecin Marie-Anne Gautier, invitée de Bourdin Direct ce jeudi matin.
Alors comment bien supporter le travail de nuit? "La meilleure prévention serait de ne pas travailler de nuit mais c'est impossible dans certains secteurs. On préconise des micro-siestes de moins de 20 minutes pour plus de vigilance. Il faut récupérer le sommeil, faire du sport et manger plus équilibré 3 fois par jour", conseille-t-elle.
Pour que le travail de nuit ait moins de conséquence sur la santé, les scientifiques proposent notamment d'accélérer les rotations, par exemple de travailler seulement deux nuits d'affilée et pas plus.