"En Europe, une agence sur trois est française": pourquoi de plus en plus de banques disparaissent?

Les grandes banques françaises ferment massivement leurs points de vente. Près de 3.300 banques ont baissé le rideau en l'espace de 5 ans, du jamais-vu.

Les guichets de banque continueront-ils d'exister d'ici 5 ans ? Pas sûr, selon une étude menée par le cabinet Infostat Marketing pour Les Echos.

Les établissements bancaires sont désertés par les Français, de moins en moins adeptes de monnaie. Au total, près de 3 300 agences de grandes banques françaises (y compris les mutualistes) ont baissé le rideau en cinq ans, c'est plus que sur toute la décennie passée. Et le phénomène s'accélère à bas bruit.

Fin des guichets ?

Cette semaine, c'est la commune de Montreuil-l'Argillé, dans l'Eure, qui sera touchée. Monsieur le maire a coché la date dans son calendrier depuis plusieurs mois, impuissant. "Vendredi prochain, ils ferment la banque", redit-il.

Une décision qui peut paraître insignifiante, peste Jean-Louis Groult, mais l'agence est un incontournable dans la vie des Montreuillais car elle renferme l'unique distributeur automatique de la commune, assure-t-il. Alors, à partir de vendredi, il faudra prendre leur véhicule pour avoir quelques billets en poche.

"Prenez une voiture pour aller chercher du cash à 10 km, ils vont faire les courses à 10 km, déplore-t-il, "moi ce qui m'inquiète le plus c'est les commerces".

3 questions pour comprendre : Les agences bancaires en voie de disparition - 03/06

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En tout, 17 boutiques dans le centre-ville de la bourgade, avec la boulangerie, la supérette, le bureau de tabac... Et Sébastien, le boucher, qui craint pour son fond de caisse : "Je peux perdre facilement 30%", assure-t-il.

Et quand on lui demande pourquoi ses clients n'utilisent pas ou peu leur carte bancaire ou même leur téléphone ; il répond : "Tout le monde n'en est pas encore à la monnaie numérique, on n'en est pas encore là dans la campagne", répond-il.

Un "changement de modèle", selon un spécialiste

En zone rurale peut-être pas, acquiesce Christian Saint-Etienne, économiste, mais la fréquentation des guichets s'effondre, et si les agences décident de fermer leurs portes... c'est plutôt une bonne chose.

"Les nouvelles technologies ont beaucoup plus de visiteurs. Aujourd'hui, le coût devient colossal pour les banques", justifie-t-il, alors que seul 1 Français sur 10 se rend en agence plus d'une fois par mois aujourd'hui.

Une vision que partage Guillaume Almeras, fondateur du site spécialisé en banque-finance Score Advisor. Même si, pour lui, on ne peut pas parler de "fin de vie" des agences bancaires, mais plutôt d'"un changement de modèle".

"Les agences sont en train de devenir une spécificité française. En Europe, une agence sur trois est française. La France se singularise par le fait qu'elle a fermé beaucoup moins d'agences qu'en Europe", argumente-t-il.

Dans l'Hexagone, les agences sont essentiellement "un centre de conseils", selon le spécialiste. "Tout le modèle repose sur le fait qu'en France on a des conseillers attitrés". Des conseillers qu'il est tout à fait possible de rencontrer à distance, selon Christian Saint-Étienne.

La visioconférence est "encore plus simple". "La notion de localisation devient relative". "C'est ça qui vide les agences aujourd'hui", assure-t-il.

Inès Zeghloul et LAM