Gaz russe: les menaces de Poutine sont "à prendre au sérieux", pour un spécialiste de l'énergie
La France et l'Allemagne disent se "préparer" à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, alors que Moscou exige, à partir du 1er avril, un paiement en roubles des livraisons, ce que les Européens refusent. Invité sur RMC, Philippe Chalmin, professeur à l'université Paris Dauphine et spécialiste de l'énergie, estime qu'il "faut prendre au sérieux" cette menace, même "s'il y a toujours chez Poutine une partie de bluff".
"Très concrètement ce qu'il dit c'est que si vous voulez m'importer du gaz, vous devez me payer non pas en dollars ou en euros, [...] mais pour soutenir le rouble, il exige d'être payé en roubles, ce qui n'est pas précisé dans les contrats" rappelle-t-il, avant de poursuivre: "Dans une certaine mesure, s'il y a un point sur lequel Poutine peut nous faire mal, sans se faire mal lui-même [...] c'est en coupant les robinets d'approvisionnement de gaz et de pétrole."
Mais si Vladimir Poutine met en œuvre ses annonces, Philippe Chalmin assure que "nous avons encore quelques semaines devant nous" pour rebondir, car ses menaces portent sur "le gaz qui sera livré au mois d'avril mais qui ne sera payé qu'au mois de mai."
Importer du GNL "coûtera cher"
L'une des solutions soulevées par les Etats occidentaux, comme l'Allemagne, pour se détourner du gaz russe, c'est d'augmenter les importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Mais Philippe Chalmin assure que "ça coûtera cher".
"Nous ne sommes pas les seuls à importer du GNL, les grands consommateurs sont en Asie [...] c'est un marché étroit, et donc une demande supplémentaire va faire augmenter les prix", explique le spécialiste.
Avant la guerre, l'Union Européenne importait 40% de son gaz depuis la Russie. L'Allemagne était particulièrement dépendante, avec 55% de son gaz importé depuis la Russie.