JO 2024: un mois de juillet "assez catastrophique" pour la restauration

Les JO 2024 à Paris n'auront pas provoqué l'afflux de touristes attendu, associé à un pic de consommation majeur au profit des restaurateurs, hôtelliers et bars de la capitale. Au contraire, c'est plutôt la grande désillusion.
S'il est encore "un peu tôt pour faire un bilan", d'autant que la profession s'attardera sur les chiffres de la période estivale dans sa globalité, et non uniquement sur la période olympique, Pascal Mousset, président du GHR (Groupement des hôtelleries et restaurations) pour Paris et l'Ile-de-France, l'affirme sur RMC ce vendredi: "En juillet, c'était assez catastrophique pour la restauration".
Une baisse d'activité avant même les JO, à cause des périmètres de sécurité
Le restaurateur a invoqué "plusieurs phénomènes qui se sont conjugés", à savoir "l'appel massif au télétravail, qui s'est rendu extrêmement visible à partir du 15 juillet dans nos restaurants, cafés, brasseries et établissements de nuit". Un "effondrement de l'activité" qui s'est "accentué" avec la mise en place des 44.000 barrières installées le long de la Seine quelques jours avant la cérémonie d'ouverture et le fameux périmètre périmètre de sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme (Silt).
Avant donc même le début des JO, les professionnels du secteur avaient dès lors constaté, à cause de ce périmètre de sécurité et l'obligation de se munir d'un QR code, une baisse drastique de la fréquentation de leurs établissements. "En zone grise, ça va jusqu’à -80% et les établissements dans les zones rouges sont également touchés", avait déploré Frank Delvau dans Le Figaro.
Commission d'indemnisation
Dès le mois de juin, Matignon avait annoncé la mise en place d'une commission d'indemnisation à destination de la profession. "Le préjudice doit alors être anormal et spécial et présenter un lien de causalité avec la mesure administrative", peut-on lire dans le communiqué de presse de Matignon publié le 24 juin.
Le mauvais temps de juin et début juillet, qui pourrait aussi avoir fait baisser la fréquentation des établissements, n'est donc pas pris en compte. De plus, un restaurateur qui enregistre "une baisse de 5% de son chiffre d'affaires ne sera pas éligible", a indiqué Frank Delvau, toujours dans Le Figaro.
Pour autant, les bars, restaurants et hôtels espéraient un rebond après la cérémonie d'ouverture, "qui a permis de montrer Paris sous son meilleur jour", s'est enthousiasmée dans un communiqué le 31 juillet plusieurs fédérations commercantes de Paris. "Avec l’arrivée inespérée du beau temps, les professionnels du tourisme espèrent ainsi que les retombées économiques suivent dans les prochaines semaines."
Pas de miracle, cependant: "En dehors des sites des épreuves, dans la restauration, on est tous à moins de 30% pour le mois de juillet", détaille sur RMC Pascal Mousset. "La tendance sera la même en août, on ne voit pas d'amélioration", poursuit-il.
Les établissements autour des épreuves s'en sortent le mieux
Ceux qui s'en sortent le mieux, ce sont donc les établissements à proximité des épreuves. "On a constaté un vrai changement à partir du 27-28 juillet, notamment aux Invalides, Champ de Mars, Bercy... Ils ont retrouvé une activité normale ainsi que sur toute la Seine et les canaux", explique Pascal Mousset.
À propos des hôtels, ces derniers étaient "à 50% de taux d'occupation jusqu'au 25 juillet. Ils se sont remplis la veille de la cérémonie d'ouverture. Ils sont pleins jusqu'à lundi et mardi et se revident à partir du 12-13 août". Le président du GHR annonce un taux d'occupation à "40-50%" pour la mi-août, "largement en-desous d'une année normale à Paris", juillet inclus.
"Les JO ont fait fuir la clientèle habituelle avec des prix trop élevés et la communication anxiogène. Il y a 2 millions de touristes étrangers qui ont fait fuir les 3 millions de touristes habituels", selon Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme, cité par l'AFP.
Pourtant les arrivées touristiques dans la capitale sont en hausse par rapport à l'année dernière : 650.000 du 24 au 27 juillet, soit une progression de +17,3% pour les visiteurs français et de +14,8% pour les étrangers, selon l'Office du tourisme de Paris.
Un tourisme "plus populaire et qui consomme différement"
Le tourisme, justement, est "différent" à Paris cette année, selon Pascal Mousset. "Il est plus populaire, plus familial, plus français. C'est une composante différente du tourisme qu'on a habituellement, elle consomme différement et reste autour de sites de compétition", résume-t-il.
Certaines familles, "une fois les billets et hébergements achetés, n'ont peut-être plus beaucoup de budget pour consommer dans les établissements", explique Pascal Mousset
D'autant que sur les sites des épreuves, des offres de restauration et buvettes sont disponibles et profitent de l'ambiance festive sur place pour être prisées des consommateurs.
Selon Didier Arino, toujours cité par l'AFP, "le haut de gamme s'en tire bien mais c'est plus compliqué pour l'hôtellerie moyenne gamme en raison de prix trop élevés". Pascal Mousset fait état d'une nuitée à "370 euros la chambre versus 200 euros pour un tarif normal l'été". Il reconnaît une "majoration sur les 15 jours olympiques" mais celui-ci avance les "prix moyens d'avant et d'après". "Si on lisse sur les deux mois, on aura pas vendu les chambres beaucoup plus chères", estime-t-il.
D'autant que finalement, les professionnels ont d'ailleurs ajusté leur prix qui sont aujourd'hui à peine plus élevé en moyenne que l'an dernier: 218 euros par nuitée dans Paris et sa région, rapporte l'AFP.
Les petits établissements ont "vite déchanté"
Si certains restaurateurs, notamment ceux près des sites olympiques, ont augmenté leurs prix, Pascal Mousset ne veut pas en faire une "généralité". Ce dernier préfère parler des établissements qui, portés par l'effervescence des JO, ont décidé de rester ouvert, avant de "vite déchanter" et de finalement fermer boutique.
"Les petits établissements qui travaillent avec des grandes terrasses, comme dans le Marais, à Batignolles, porte Maillot, c'est très compliqué. Des confrères m'ont appelé en détresse", confie-t-il.
Taxis et VTC déplorent aussi une baisse d'activité
Outre l'hôtellerie-restaraution, les taxis et VTC sont aussi les professionnels qui font grise mine à cause des JO 2024. 80% des taxis parisiens étaient encore mobilisés cette semaine pour accueillir touristes et spectateurs des JO, selon la plateforme G7. "On était bien motivés pour rester à Paris, pour avoir plus de clients [...] mais ce mois-ci on a subi entre 40 et 50% de pertes, on ne rembourse même pas les charges", regrette une chauffeuse à Paris.
Le ministre délégué chargé des Transports Patrice Vergriete a annoncé, le 1er août, qu'ils pourront désormais circuler au sein des périmètres rouges de Paris "sans restriction" afin de "faciliter la pose et la dépose des spectateurs".