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La réindustrialisation freinée par les écologistes? "Les emplois, une question clé"

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Industrie et mairies écologistes, un mariage impossible, à croire le patron de Safran Olivier Andriès. Le député écologiste Charles Fournier, qui gère entre autres les questions liées à l'industrie pour le même parti, assure de son côté auprès de RMC que l'emploi est bien une "question clé" pour le parti.

Investir dans une ville gérée par une majorité écologiste, c'est fini pour l'entreprise Safran. Olivier Andriès, directeur général de l'entreprise spécialisée dans l'aéronautique et la défense, a fait cette annonce lundi 14 avril, devant la Commission d'enquête de l'Assemblée sur les freins à la réindustrialisation. Pour lui, "si c'est pour se faire accueillir par des tomates, ce n'est pas la peine".

Pour étayer son propos, il est revenu sur un projet de fonderie à Rennes qui a été critiqué par certains élus écologistes. "On a décidé de s'installer et de créer 500 emplois pour développer une fonderie d'aubes de turbines, une activité très stratégique dans le domaine militaire mais également dans le domaine civil", a-t-il raconté.

La couleur poliltique compte-elle véritablement dans l'implantation d'une entreprise? "L'exemple de Safran n'est pas un exemple isolé puisque des entrepreneurs de taille beaucoup plus modeste font le choix de s'installer dans des territoires beaucoup plus favorables", croit savoir Sofiane Aboubeker, président de l'Union des métiers de la sécurité, membre du Medef et interrogé par RMC.

"Ça n'est pas vrai que toute industrie est bonne à prendre"

Les écologistes sont-ils donc si défavorables à l'implantation de certaines usines ? Parfois oui, d'après Sandrine Rousseau, députée écologiste de la 9e circonscription de Paris. "Ça n'est pas vrai que, toute industrie, parce qu'elle créée des emplois, est bonne à prendre et je sais que c'est difficile à entendre", a-t-elle indiqué mercredi 16 avril sur BFMTV.

"Les villes écologistes ont des projets industriels et d'emplois qui ont du sens. Il y a autre chose à faire de la France et en particulier un pays exemplaire en matière de transformation écologique. Ça va créer des emplois mais qui "ne mettent pas la vie humaine en danger", a ajouté Sandrine Rousseau.

Le député écologiste d'Indre-et-Loire, Charles Fournier, qui gère, entre autres, les questions liées à l'industrie pour le même parti, tempère. "La question des emplois est une question clé. Je viens de voter favorablement à la transformation d'une centrale à charbon alors que c'est un projet pas très vertueux, mais bon pour l'emploi. Nous sommes tout à fait prêt à faire ces arbitrages quand ils sont pertinents", dit-il auprès de RMC.

Les partis politiques pourraient donc être un frein, dans une certaine mesure, à la réindustrialisation mais ils ne seraient pas les seuls. Selon Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, invité sur RMC ce jeudi 17 avril, il y a aussi des associations : "Tout le monde est contre nous." D'après lui, il y a "une contradiction intellectuelle. On veut tout et son contraire".

Un accueil peu chaleureux mais sans tomates

Pour revenir sur les déclarations d'Olivier Andriès, le patron de Safran a confirmé avoir "bien travaillé" avec la maire [socialiste] de Rennes et le conseil régional, cela n'aurait pas été si simple avec les élus écologistes. "On a été surpris, dès l'annonce, d'être critiqué par ces élus, qui ont mis en cause la majorité municipale de Rennes", ajoute-t-il devant la Commission.

D'après lui, les écologistes estimaient que c'était scandaleux qu'un groupe "d'aéronautique, militaire et qui va polluer" s'installe à Rennes, ce qu'il n'a pas compris, étant donné que 500 emplois étaient à la clé.

D'après nos confrères de Ouest-France, les élus écologistes ont été pourtant plus mesurés que cela. Ils avaient bien dénoncé "un coup de force" de leurs alliés socialistes sur un site qui devait accueillir "l'industrie du futur" dans un communiqué mais ce n'est pas allé plus loin. Toujours selon la même source, ils ont vite remarqué que la population était enthousiaste face à ces créations d'emplois et n'ont pas insisté. D'ailleurs, l'usine va bien voir le jour.

L'épisode semble, quand même, avoir marqué le président de Safran qui en tire une conclusion : "Chaque fois qu'on aura un choix de localisation, je bannirai une offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste."

Marion Gauthier et Astrid Bergere