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Économie

La vente de cigarettes rapporte toujours pour les buralistes, mais pas à l'État

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Le rapport de l'Alliance contre le tabac (ACT), paru jeudi, pointe la bonne santé financière des buralistes, du fait de l'augmentation du prix du paquet et des diverses aides publiques. Cependant, la nombre de cigarettes ne cesse de baisser en volume, ce qui signifie une baisse importante des recettes pour l'État, qui perçoit les taxes.

Le nombre de cigarettes vendues en France ne cesse de diminuer et pourtant, le tabac fait toujours recette. C’est ce qui ressort du dernier rapport, paru ce jeudi, de l’Alliance contre le tabac (ACT), la fédération de référence des associations de lutte contre le tabagisme en France depuis plus de 30 ans.

Le document, constitué de 20 pages, s'intéresse à l'influence des buralistes en France et dresse l'état des lieux d’une profession financée par l’État, au détriment de la lutte contre le tabac.

90.000 euros en moyenne par an pour les buralistes

Selon les chiffres de l'ACT, les buralistes ont gagné plus de 2 milliards d’euros en 2023 grâce aux cigarettes. On compte 23.000 bureaux de tabac en France, ce qui correspond à 90.000 euros par an en moyenne par commerçant avant impôts, soit trois fois plus qu’en 2007.

Pourtant, le tabagisme des Français stagne et baisse même chez les jeunes. Ces chiffres sont à expliquer du fait d'une fiscalité avantageuse, selon le rapport. Pour rappel, la vente de cigarettes est un monopole de l’État.

A sa tête, on trouve la Direction générale des douanes et droits indirects, qui fait partie du ministère de l'Economie et des Finances. C'est elle qui confie la vente de cigarettes aux buralistes, qui sont rémunérés grâce à un pourcentage du prix fixé par l’Etat. Lorsque le tarif du paquet augmente, leurs revenus augmentent, c’est mécanique.

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Diverses aides publiques

Ces commerçants particuliers bénéficient également de diverses aides publiques. Elles ont coûté 4 milliards d'euros ces 20 dernières années à l’Etat. La plus chère, c’est l’aide à la transformation: jusqu’à 33.000 euros si le marchand de tabac se met à faire aussi supérette ou dépôt de pain. La Cour des comptes dénonce régulièrement ces subventions, jugées "excessives" et "sans fondement économique".

Pourtant, les buralistes se plaignent souvent de conditions d’exercice de plus en plus difficiles. Ils sont d’ailleurs de moins en moins nombreux. Un commerce sur trois a fermé ces 20 dernières années.

À chaque nouvelle hausse du prix du paquet, ils pestent contre une mesure inefficace et pointent aussi du doigt la concurrence déloyale du marché parallèle et des achats à l’étranger.

La Confédération nationale des buralistes dénonce un bilan à charge. "Le sujet qui doit nous réunir est la prévention", explique son président, qui ne remet pas en question cependant les chiffres sur les revenus et les aides publiques.

400 millions d'euros en moins pour l'Etat en 2024

Le tabac fait donc toujours recette, mais pas pour l’Etat. Lorsqu’un buraliste subit une baisse anormale de son chiffre d'affaires, il peut demander une aide exceptionnelle, jusqu’à 3.000 euros. Les subventions sortent, mais l’argent ne rentre plus. En volume, la vente de tabac en France ne cesse de baisser. Résultat: les recettes fiscales dégringolent. Cette année, le trou de la raquette représente 400 millions d’euros de taxes qui ne rentrent pas dans les caisses.

Amélie Rosique