Le maire de Nice veut interdire les bateaux de croisière dès cet été: “c’est un bon choix stratégique pour la ville”

Nice n’est pas la première à prendre cette décision radicale: le maire de la ville Christian Estrosi cite l’exemple de Venise. Depuis 2021, la ville interdit aux paquebots de plus de 25.000 tonnes d'entrer dans le bassin de Saint-Marc et le canal de la Giudecca, en plein centre-ville. De quoi interdire à 95% des bateaux croisières cet accès direct. Ils doivent désormais accoster dans un port un peu plus lointain.
Et les initiatives se multiplient: Amsterdam envisage ainsi de déplacer son terminal de croisière à l'extérieur du centre-ville d’ici 2035. Pour revenir à la France, la mairie écologiste de Bordeaux veut également bannir les bateaux géants du centre-ville. En cause: le surtourisme et la pollution engendrée par ces navires. Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, les bateaux de croisière naviguant dans les eaux européennes en 2022 ont émis plus de 8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 50.000 vols Paris-New York.
"C’est trop polluant, c’est moche, il faut arrêter"
Reste les conséquences économiques… discutées. Selon une étude menée en Norvège, jusqu'à 40% des passagers des bateaux de croisière ne quittent jamais le navire. Et ceux qui descendent à terre dépensent en moyenne moins de 23 euros. En revanche, à Bordeaux, selon une enquête du cabinet Géoconfluences, un croisiériste dépenserait en moyenne 150 euros lors de son escale, notamment pour acheter des bouteilles de vin. Alors, interdire les bateaux de croisière à Nice, est-ce une bonne ou une mauvaise idée? Les chroniqueurs d’Estelle Midi débattent.
Pour l’économiste Pierre Rondeau, “c’est une très bonne idée”. “Je suis totalement favorable. J'irais même plus loin: je serais pour interdire les croisières. Les boomers, qui ne veulent pas être mis à contribution, sont les principaux clients de ces croisières… C’est trop polluant, c’est moche, il faut arrêter. Pour voyager, il y a d’autres alternatives moins chères et moins polluantes”.
La journaliste Juliette Briens partage son avis. “Je ne suis pas pour interdire globalement les croisières, mais je suis d’accord avec Christian Estrosi. Les bateaux polluent aussi la vue, c’est moche à voir, c’est une bonne décision pour les Niçois”.
“Chaque commune doit décider en fonction de ce qui est intéressant pour elle. Si ce n’est pas intéressant pour Nice, ils ont raison de l’interdire”, estime Fred Hermel.
Le président du cabinet d'études MKG Consulting, Vanguélis Panayotis, comprends aussi la décision du maire de Nice. “C’est probablement un bon choix stratégique pour la ville. C’est compréhensible. Pas tous les maires de toutes les villes côtières vont interdire les bateaux de croisière pour autant. À Nice, ils essaient simplement de préserver leur attrait touristique. Ce n’est pas un mauvais choix pour Nice au niveau de l’impact sur le tourisme”, conclut-il.