Législatives: les épargnants, grands perdants du bazar politique ?

C'est l'un des arguments d'Emmanuel Macron: l'arrivée du RN au pouvoir, ce serait la ruine des petits épargnants. Le risque qu'il brandit est celui d'une flambée des taux d'intérêts, qui résulterait de la défiance des investisseurs étrangers qui financent aujourd'hui nos déficits publics. Ce qui provoquerait un effondrement du marché immobilier, déjà mal en point, une chute de la bourse et des secousses sur l'assurance-vie.
C’est effectivement un risque, en témoigne la réaction des marchés financiers. A savoir -2% sur le CAC 40 depuis lundi 10 juin 2024, substantiel mais raisonnable, et +0.2 point sur les taux d’intérêt à 10 ans sur notre dette publique. Un écart au plus haut avec l’Allemagne depuis plusieurs années.
Il y a donc une inquiétude mais pas de panique à ce stade: la vraie ligne rouge sur les taux d’intérêt à 10 ans de la dette, qui sont un peu les baromètres de cette confiance des investisseurs étrangers, c’est 4%. On est passé de 3 à 3,2%. Pour le moment, on est encore assez loin du seuil.
Tout dépendra du programme que proposera vraiment le RN. La première réaction est négative car c'est une plongée dans l’incertitude. Puis les agences de notation, les fonds d’investissements, se penchent sur le programme du RN. Le seul sur lequel ils peuvent se baser, c'est celui de Marine Le Pen en 2022.
Dans ce programme, ils voient beaucoup de dépenses, de baisses de taxes et d’impôts (la TVA sur l’énergie notamment), des subventions, le retour de la retraite à 62 ans: 100 milliards de déficit public supplémentaire chaque année à la clé. Ce qui peut inquiéter. En réalité, ils attendent de voir ce qui sera vraiment proposé.
Plusieurs scénarios
Quel est le scénario le plus probable? Il y a plusieurs possibilités.
Si le RN maintien son programme présidentiel, il risque un scénario à la Liz Truss: l'ex-Première ministre britannique avait déclenché en 2022 une crise financière avec son "mini-budget" qui comprenait 100 milliards de livres de baisses d’impôts et la prise en charge d'une partie des factures énergétiques des entreprises. Les taux britanniques ont flambé la livre a chuté et elle a dû démissionner, ne pouvant pas résister à la pression des marchés.
Soit le RN et ses alliés de droite présentent un programme plus raisonnable et rassurent les marchés, comme l’a fait Georgia Meloni en Italie en 2022. Elle avait indiqué qu’elle suivrait les règles budgétaires européennes et ne les transgresserait pas, par exemple. Ça c'était plutôt passé dans le calme. Mais c’est au risque de décevoir ses électeurs.
En réalité, on sera sans doute entre les deux, au prétexte évidemment de l'audit financier qu'a promis le porte-parole du RN. Audit financier qui sera sans doute catastrophique sur l'état du pays et qui l'empêchera de faire tout ce que voudrait faire le RN.