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"Les touristes partagent les plats": bilan mitigé pour les restaurateurs du Sud après un mois de vacances

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Depuis le début de l'été, de nombreux commerçants du sud de la France constatent une baisse de leur fréquentation et des achats de la part des touristes. Le phénomène s'expliquerait par des prix encore trop élevés, ainsi que par une année post-JO peu marquée par divers événements.

Malgré la présence du soleil, les commerçants font grise mine sur la Côte d'Azur. Pour cause, l'été n'a pas si bien démarré sur la Méditerranée, avec une baisse de 3% de la fréquentation par rapport à l'année dernière.

À Nice, les terrasses peinent à se remplir à l'heure du déjeuner. Dans les rues piétonnes, notamment sur la promenade des Anglais, c'est également loin d'être la cohue.

"Je m'attendais à plus de monde que ça", glisse un passant au micro de RMC. Les touristes sont les premiers surpris par la situation. "Les plages ne sont pas du tout pleines, on peut poser sa serviette", s'étonne une vacancière.

Un pouvoir d'achat en berne

S'il y a bel et bien moins de monde dans le sud de la France, on observe aussi que le budget des touristes est de plus en plus serré. "La location pour la semaine coûte une blinde, vous faîtes quoi derrière ?", lâche une passante.

Marie et son groupe d'amis sont en vacances pour une semaine pour ne pas exploser le budget. "On prend le petit sandwich et on va en bord de plage, puis on se promène, on visite", raconte-t-elle.

L'envie de prendre place autour d'une table ne leur manque pas. "Là, on pourrait se faire un bon restaurant avec un bon poisson, mais c'est cher. La daurade est à 30 euros, donc ce n'est pas possible", ajoute-t-elle.

Côte d’Azur : les commerçants tirent la sonnette d’alarme face à la baisse de touristes
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Les commerçants ont inévitablement constaté cette baisse de fréquentation et des dépenses. Fred Ghintran, restaurateur niçois, observe les mêmes rituels sur ses tables pour alléger la facture. "On se fait moins plaisir, donc on boit moins de boissons, on partage beaucoup les plats. J'ai un panier moyen moins important", dit-il.

Alors, pour la saison, il a baissé les prix et créé des formules pour les petits budgets pour attirer plus de clients.

Yann, lui, est boucher charcutier dans le Gard. "Il y a des touristes, mais ça ne consomme pas, ça se promène", avance-t-il. Pour lui, rien à voir avec une volonté des touristes de fuir le sud pour diverses raisons: c'est bel et bien une question de pouvoir d'achat.

"On dit que l'inflation est terminée, mais tous les prix ont augmenté et rien n'a baissé et toutes les nouvelles, la guerre, le budget etc, c'est anxiogène", ajoute Yann.

Une année blanche ?

Le mois de juillet avait pourtant bien démarré dans les Bouches-du-Rhône. "Jusqu'au 14 juillet, on peut dire qu'on a fait une très bonne saison, et il est vrai qu'on enregistre une baisse de 20% depuis le 14 juillet", soit la date à laquelle débute traditionnellement l'été, explique Nicolas Guyot, vice-président de l'UMIH du département.

Il ajoute que certains établissements enregistrent pour le mois d'août des baisses plus importants, de l'ordre de 30 à 35% par rapport à l'année dernière.

La France serait-elle donc devenue trop chère ? "Il faut croire que oui, de toute façon la clientèle n'est pas là", répond Nicolas Guyot. Il remet alors sa filière en question: "A nous peut être aussi de repenser notre offre, de faire contrôler les Airbnb qui sont moins chers et enregistrent des taux d'occupation importants".

Le contre-coup des JO?

Le vice-président l'UMIH cite également un contexte peu propice pour battre des records.

"Il faut se rappeler que 2024 était une année particulière avec les JO, cette année on a une année blanche dans les Bouches du Rhône, c'est à dire qu'il n'y a pas d'événement majeur et à cause de cela on constate une baisse", explique-t-il, citant aussi le contexte géopolitique qui provoquerait la frilosité des touristes.

Mais il tient surtout à pointer le surtourisme "sur lequel les gens ont tapé pendant plusieurs années" pour expliquer la baisse des réservations dans la région. "Ca nous fait du tort aujourd'hui, car à vouloir combattre le tourisme on y est arrivé", dit-il.

Malgré des résultats estivaux peu rassurants, les professionnels du secteur peuvent toutefois se consoler du côté du nombre de nuitées. Par rapport à l'année dernière, les hôtels ont enregistré tout de même une hausse de 2,5%.

Léonie Guilbaut avec Mélanie Hennebique