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"Marre de l'overdose fiscale": colère contre le possible "retour déguisé" de la taxe d'habitation

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Une nouvelle taxe, sous forme de "contribution modeste", pourrait venir combler le manque à gagner de la taxe d'habitation, et ça irrite déjà contribuables et certains politiques. Une "initiative personnelle" du ministre François Rebsamen tempère le gouvernement, qui assure que "rien n'est arbitré".

C'était une promesse phare d'Emmanuel Macron. Supprimée progressivement depuis 2017, la taxe d'habitation pourrait bien faire son retour. Le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation François Rebsamen a émis l'idée d'une contribution "modeste" pour financer les services publics dans les collectivités locales.

Alors que les caisses des communes sont dans le rouge, cette taxe répondrait aux revendications de maires en ciblant les locataires. Les propriétaires ne seraient plus les seuls à contribuer aux finances locales.

Mais cette prise de position fait grincer des dents: "Ce serait un retour déguisé de la taxe d'habitation" s'agace un macroniste. "C'est irresponsable et on ne laissera pas passer", prévient un autre.

20 milliards de manque à gagner pour les communes

"Ce n'est plus possible", peste ce lundi sur RMC Zahia, banquière en Seine-et-Marne. "On nous a dit que la taxe d'habitation était injuste puis on a vu la taxe foncière augmenter, ensuite qu'il fallait payer plus cher le gaz et l'électricité, puis qu'il y avait de l'inflation mais nos salaires eux n'ont pas augmenté".

"J'ai l'impression de travailler pour l'Etat. Je vais arrêter de travailler. Accepter l'appauvrissement après avoir essayé de construire l'avenir de mes enfants, c'est la goutte d'eau", poursuit-elle.

La suppression de la taxe d'habitation a entraîné un manque à gagner de 20 milliards d'euros pour collectivités locales: "Les collectivités locales ont beaucoup subi et tout leur problème, c'est d'avoir des ressources fiscales", explique Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques.

Un nouvel impôt pour remplacer la taxe d'habitation ? - 28/04
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"Les communes font n'importe quoi avec l'argent"

"Cette perte de taxe d'habitation est un problème pour elles, elles ont moins d'autonomie fiscale", avance l'économiste qui craint néanmoins "un choc fiscal qui toucherait le pouvoir d'achat des classes moyennes" si la taxe faisait son retour.

"Il paraît que ce sont des associations d'élus à l'origine de cette idée, ils sont tombés sur la tête", tacle le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand sur RMC-BFMTV. "Ils ne voient pas les Français? Les gens en ont marre de cette overdose fiscale", peste-t-il. "Pas question d'avoir de nouvelles contributions", insiste Xavier Bertrand.

Même son de cloche sur le plateau des Grandes Gueules où la gestion de cette taxe impopulaire irrite l'avocat Charles Consigny: "Ça illustre l'incapacité gouvernementale et des acteurs publics à réduire les dépenses et à toujours essayer de chercher de nouvelles recettes".

"Par ailleurs, les communes font n'importe quoi avec l'argent qu'elles collectent et beaucoup de travaux engagés par ces communes sont complètement inutiles et le résultat de financements politiques. Donc stop, arrêtez de faire des conneries et vous aurez moins besoin d'argent et ficherez la paix aux citoyens", peste-t-il.
3 questions pour comprendre : Fiscalité locale, vers une "contribution modeste" - 28/04
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Les propriétaires seuls soutiens d'un retour de la taxe d'habitation?

Hormis les finances publiques, ce retour de la taxe d'habitation pourrait être soutenu par les propriétaires qui paient encore la taxe foncière et supportent presque seuls le financement des communes: "Ce n'est pas parce qu'on est propriétaire qu'on est plus riches et la taxe foncière a explosé", déplore Eleonore Lemaire.

Une telle mesure nécessite quoi qu'il en soit une loi de finance. Dont l'adoption -sans majorité à l'Assemblée- s'annonce compliquée. D'autant plus que face à la levée de boucliers, l'entourage de François Rebsamen s'est empressé de préciser qu'il s'agissait d'une "position personnelle". "Rien n'est arbitré", a abondé la porte-parole du gouvernement dès lundi.

Guillaume Dussourt avec Cyprien Pézeril