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"Tout explose: loyer, électricité, transports..." L'Unef alerte sur le coût de la vie étudiante

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L'Unef dévoile une nouvelle enquête sur l'évolution du coût de la vie étudiante. Tous les postes de dépenses sont en augmentation. "Année par année, la précarité étudiante s’aggrave", dénonce ce jeudi sur RMC Salomé Hocquard, vice-présidente de l'organisation syndicale.

Une rentrée sous le signe de la précarité. C'est ce que dénonce l'Unef dans un rapport publié ce jeudi 14 août. Comme tous les ans, l'organisation syndicale pointe du doigt l'augmentation des prix pour les étudiants et dénonce une inaction de l'État pour lutter contre la précarité étudiante. En un an, l'Unef annonce que le coût moyen de la vie a augmenté de 4,12%, soit 807 euros supplémentaires et une hausse globale de 31,88% depuis l'élection d'Emmanuel Macron, en mai 2017.

"Tout explose : électricité, loyer, coût des transports, frais d’inscription à l’université", dénonce ce jeudi sur RMC Salomé Hocquard, vice-présidente de l'organisation syndicale. "Année par année, la précarité étudiante s’aggrave."

D'autant que, par exemple, depuis l'instauration de la sélection à l'université avec Parcoursup, beaucoup d'étudiants s'orientent dans le privé, où les frais d'inscription sont très elevés, souligne la vice-présidente de l'Unef.

"Seulement 6% des étudiants peuvent se loger dans le parc Crous"

"Les chiffres révèlent une réalité que ne peut plus ignorer le gouvernement : le coût de la vie étudiante continue d'augmenter inexorablement, creusant toujours davantage l'écart entre les besoins réels des étudiants et les réponses apportées par les pouvoirs publics", écrit l'Unef.

Parmi les différents postes de dépenses, aucun n'échappe à une augmentation des prix, selon les comptes du syndicat. Et ce, qu'il s'agisse des besoins fondamentaux (se loger, se nourrir, se déplacer) ou de l'accès aux soins médicaux.

"Emmanuel Macron avait promis construction 60 000 logements. Même pas 10 % de logements ont été construits. Quand on fait le bilan sur le nombre de logements, on n’est pas au compte : on a aujourd’hui seulement 6 % d’étudiants qui peuvent se loger dans le parc Crous", alerte Salomé Hocquard dans Apolline Matin.

Loyer, transports et alimentation

"L’augmentation du coût de la vie augmente de 4,12% suppose un total de 1226 € de charges par mois. Cette forte augmentation s’explique par une hausse des loyers, du coût des transports mais également des frais obligatoires pour s’inscrire à l’université", annonce l'Unef.

Qu'il s'agisse de biens immobiliers privés ou publics, notamment via le Crous, les prix des loyers sont à la hausse. +2,46% pour les premiers (avec une moyenne de 609,60€) et +3,26% pour les seconds, atteignant une moyenne de 421,97€.

Question transport, l'Unef constate un coût pour les boursiers en hausse de 1,44% et de 2,44% pour les non-boursiers. En moyenne, cela représente un coût moyen de 246,57€ pour les premiers et 272,36€ pour les seconds.

Quant à l'alimentation, "cette année, les prix des produits alimentaires augmentent de 1,4%. Malgré un apaisement de l'inflation [...] il devient de plus en plus compliqué pour les étudiants de se nourrir de façon équilibrée et les impacts sur la santé sont importants". Et d'ajouter que les restaurants universitaires sont "bien trop sous-financés" pour permettre à tous d'y avoir accès.

Le "mépris" des gouvernements

Fort de plusieurs années à chiffre le coût de la vie étudiante, l'Unef pointe également le rôle de l'État dans l""aggravation continue de la précarité étudiante". "Depuis plusieurs années, les réponses apportées à la précarité étudiante se résument à des mesures qui ne répondent en rien aux besoins réels des étudiants et des coups de communication, loin des transformations structurelles qu'exige la situation d'urgence que vivent des centaines de milliers de personnes".

Le syndicat évoque aussi la CVEC, une "taxe injuste imposée aux étudiants qui n’existait pas avant 2018 et qui permet de manière indirecte de contrer le sous-investissement massif du gouvernement". Dans les faits, une augmentation des loyers en résidences universitaires et les hausses de tarifs de restauration multipliées. "Cette situation révèle l'abandon progressif par l'État de sa responsabilité dans la prise en charge des conditions de vie étudiante", dénonce l'Unef.

L'invitée d'Apolline Matin : Le coût de la vie étudiante augmente de 4;2% sur un an - 14/08
L'invitée d'Apolline Matin : Le coût de la vie étudiante augmente de 4;2% sur un an - 14/08
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Des inégalités disparates

Ce qui ressort de cette étude, c'est aussi de fortes inégalités quant au profil des étudiants. En première ligne, les étudiants étrangers, notamment celles et ceux issus des pays hors de l'Union européenne. Désormais "exclus des système de bourses", contraints de payer des frais d'inscription multipliés par 16 depuis la mise en place du plan "Bienvenue en France".

"On a appris cet été que le 2ᵉ round de discussion avec le gouvernement pour réformer le système de bourse n’a servi à rien, parce qu’on nous a annoncé que tout resterait en l’état, qu’il n’y aurait pas de réforme du système", regrette Salomé Hocquard. "A ce stade on n’est même plus étonné d’avoir promesses depuis 2 ans et que tout soit balayé d’un revers de la main." Pour rappel, l'attribution et le montant des bourses est calculé en fonction des revenus des parents de l'étudiant.

Les étudiants ultramarins ne sont eux aussi pas épargnés, puisque confrontés à un coût de la vie significativement plus élevé qu’en métropole, "sans que les dispositifs d'aide ne compensent véritablement ces écarts territoriaux, ni ne prennent en compte les différences de conditions de vie et d’études dans les DROM".

"Investir dans la jeunesse et dans l'avenir est essentiel"

Quant aux femmes, elles continuent de supporter un coût de la vie de 848,12€ plus élevé que pour les hommes, "creusant encore davantage les inégalités de genre dans l'accès à l'enseignement supérieur".

"Il ne s’agit pas de jeter de l’argent par la fenêtre : c’est investir dans sa jeunesse en formation et faire en sorte que les étudiants ne sautent pas un repas par jour comme 46 % d’entre eux le font, cet investissement dans l'avenir qui est essentiel", conclut Salomé Hocquard.

Lilian Pouyaud et Léo Manson