Pouvoir d'achat: 68% des Français jugent leurs revenus insuffisants pour satisfaire leurs envies

Les Français sont pessimistes sur l’état de leur pays et sur leur pouvoir d’achat. Selon l'observatoire Cetelem de la consommation 2025 révélé en exclusivité sur RMC, ce mardi matin, les Français sont ceux qui ont l’opinion la plus dégradée de leur situation financière personnelle avec les Polonais et Portugais. Les Français sont aussi ceux qui pensent que leur pouvoir d’achat a le plus baissé: 48 % des Français interrogés, répondent que sur les 12 derniers mois leur pouvoir d'achat a baissé. C'est le pourcentage le plus élevés dans les habitants des pays européens sondés.
Le pouvoir d’achat a pourtant augmenté l’année dernière en France de 2,1% en moyenne. Ce n’est donc pas un problème d’inflation puisque les Français sont, de tous les Européens, les moins nombreux à considérer que les prix ont augmenté depuis un an, avec raison puisque c’est en France que l’inflation a le plus baissé.
Le problème des Français, c’est la fiche de paye et ce qu’il reste à la fin du mois une fois les dépenses contraintes acquittées. Ils sont 68% à considérer qu’ils n'ont pas des revenus suffisants pour satisfaire leurs envies contre 60% en Allemagne ou Royaume-Uni. Les dépenses contraintes représentent 1.100 à 1.200 euros par mois, soit 35% du revenu, avec le poste logement parmi les plus élevés d’Europe.
Quand on leur demande de noter l’Etat du pays de 1 à 10, les Français donnent 4,6 à la France, la pire note sur les 10 pays européens interrogés, alors que la perception s'améliore chez nos voisins Européens.
"Je suis dans le rouge du rouge"
Comme près d’un Français sur deux, Jean-Paul et Chantal ont l’impression que cette année encore, leur pouvoir d’achat n’a pas augmenté.
“Notre pouvoir d’achat nous ? Non, il a diminué. La mutuelle a augmenté de 30 euros là. Pour des retraités, je trouve que c’est beaucoup trop cher”, estiment-ils.
Et les deux retraités vont continuer de se serrer la ceinture en 2025. “Le petit boucher du coin, on n'y va pas. On fait attention, on regarde les prix”, ajoutent-ils.
Dans ce contexte, plus question d’épargner. En-tout-cas, moins en France que dans le reste de l’Europe. L’année dernière Glenn arrivait encore à mettre de l’argent de côté.
“Peut-être 100 ou 150 euros par mois. Et puis là, tout ce que j’avais de côté, je l'ai grappillé pour maintenir mon niveau de vie. Je suis dans le rouge du rouge, je tiens comme je peux”, appuie-t-il.
Flavien Neuvy est économiste et directeur de l'observatoire Cetelem. “Le moral des ménages en Europe augmente légèrement et c’est la première fois qu’on a un recul aussi fort pour le moral des ménages français. C’est clairement lié à l’incertitude politique et institutionnelle”, juge-t-il.
Des budgets intouchables: voyages et streaming
Résultat, les prévisions de consommation sont moroses. 41% des Français prévoient de consommer plus en 2025. C’est seulement un point de plus qu’en 2024. Pourtant, les Français ont quand même des envies de dépenser. Et même un peu plus que les Allemands, les Suédois et les Portugais, mais nettement moins que les Belges, Espagnols, Italiens ou Britanniques. Mais ce sont surtout ceux qui prennent le plus de plaisir à dépenser.
Consommer est associé à des valeurs positives, donc les Français n’adhèrent pas vraiment à la déconsommation. Avec quand même la montée en puissance de l’occasion et des services dans le budget, et une moindre importance accordée aux marques.
Et puis il y a clairement des budgets sur lesquels on ne veut pas rogner: les voyages et les abonnements aux plateformes de streaming vidéo.