Sécheresse: pourquoi la canicule met à mal le parc nucléaire français?
Le pic de chaleur fragilise le parc nucléaire français. En raison de la canicule, EDF annonce qu'il pourrait abaisser sa production nucléaire dans certaines centrales. Sont concernées celle de Golfech dans le Tarn-et-Garonne ce jeudi et celle de Saint-Alban en Isère dès samedi. L'entreprise parle même d'arrêter un réacteur, celui de la centrale du Tricastin dans la Drôme, en fin de semaine.
Une centrale nucléaire se compose de turbines qui doivent être refroidies. Pour y parvenir, on fait appel à l'eau des fleuves ou de l'océan qui les entourent. Et l'eau chaude utilisée est ensuite rejetée dans ces cours d'eau.
Mais leur température est surveillée et chaque centrale a des limites réglementaires à ne pas dépasser.
13 millions d'euros de pertes chaque jour
Si depuis le mois dernier, certaines centrales ont eu droit à des dérogations, avec le dernier pic de chaleur EDF pourrait donc être contraint d'arrêter le réacteur de la centrale du Tricastin dans la Drôme.
L'arrêt est une affaire de quelques jours et ne devrait durer que le temps de la canicule. Mais cet arrête représenterait une perte de 900 mégawatt, soit 2% du parc nucléaire. Financièrement, c'est une perte de 13 millions d'euros par jour.
Cette annonce arrive alors que le parc nucléaire français est déjà très fragilisé: 12 réacteurs sur 56 sont actuellement à l'arrêt pour des problèmes de corrosion.
"Il y a des questions à se poser pour la construction des réacteurs à l'avenir"
Si l'arrêt ne devrait durer que quelques jours, le temps du passage du pic de chaleur, il est révélateur de l'archaisme du parc nucléaire français selon Thibault Laconde, directeur de Callendar, entreprise spécialisée dans l'évaluation des risques climatiques.
"On est dans une période d'indisponbilité liée à la chaleur, donc ce n'est pas une inquiétude pour la rentrée ou l'automne. Par contre en parallèle, on a des indisponibilités liées à la sécheresse.
Il y a des questions à se poser pour la construction des réacteurs: comment fait-on pour construire des réacteurs qui seront capables de fonctionner dans les étés de 2050 ou 2080 qui seront peut-être très différents?", se demande-t-il.