Secteur automobile en difficulté: "Inquiétant mais pas inéluctable", selon le ministre Marc Ferracci

RMC le révélait mardi, la production française d’automobiles a baissé de 10% en 2024 par rapport à 2023. 1,36 million de véhicules ont été produits l'année dernière contre 1,50 million il y a deux ans. "Inquiétant mais pas inéluctable", a assuré ce mercredi sur RMC Marc Ferracci, ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie.
D'autre part, la vente de véhicules neufs a baissé de 14,5% en mars, selon les chiffres publiés par la Plateforme automobile. Cette baisse touche notamment le groupe Stellantis (-17% sur un an), tandis que Renault-Dacia reste stable. La part des véhicules électriques est elle aussi restée stable, à 19% du marché.
"Soutenir nos constructeurs et la filière des batteries"
Le ministre a rappelé, au micro d'Apolline Matin, les annonces faites par la Commission européenne début mars afin de soutenir le secteur. Pour rappel, les voitures électriques, très onéreuses, ont vu leur part de marché reculer dans l'UE pour la première fois en 2024, à 13,6% sur l'année. Afin de "booster la demande", la Commission étudie "des obligations" imposées aux entreprises pour verdir leurs flottes, avait fait savoir Stéphane Séjourné.
"Il faut soutenir nos constructeurs dans leurs investissements et soutenir la filière des batteries", a soutenu le ministre, qui a martelé par ailleurs qu'il faut "sortir d'une forme de naïveté". "L'UE a longtemps été assez naïve, non pas seulement sur l'automobile mais dans un certain nombre de secteurs comme l'industrie lourde, l'acier, la chimie... Vis-à-vis de concurrents qui ne respectent pas les règles."
"On est dans un moment crucial, de bascule pour notre industrie automobile. Les annonces vont se traduire en acte dans les prochains mois", a assuré le ministre Marc Ferracci
Certaines mesures sont déjà appliquées au niveau national, a affirmé le ministre, invoquant un amendement du gouvernement dans le budget 2025 qui impose des "contraintes financières aux entreprises pour acheter des véhicules électriques". "Il faut mettre la pression, accélérer le calendrier", a-t-il poursuivi, et veut "agir avec des leviers au niveau de la politique industrielle et commerciale".
"Nous maintenons le cap"
Luc Chatel, président de la Plateforme automobile qui représente les intérêts des marques françaises, a dénoncé l'augmentation du malus pour les voitures thermiques et la baisse des aides en faveur des véhicules électriques. Sur RMC déjà, début mars, il avait regretté que le "client soit totalement oublié par l'UE".
"Nous avains maintenu le bonus mais nous l'avons réduit compte tenu des contraintes budgétaires. Nous soutenons la filière en recentrant les aides. Il y a d'autres relais qui ne coûtent pas d'argent public. Nous maintenons le cap. Nous aidons également un certain nombre d'entreprises qui sont équipementiers automobiles. Ils peuvent se diversifier", a répondu Marc Ferracci, évoquant la Fonderie de Bretagne, qui pourrait être reprise par le groupe Europlasma.
Diversification vers l'armement?
Celui-ci s'est engagé "dans la poursuite de production de pièces de fonderie à destination de l’industrie automobile" mais aussi "de nouveaux secteurs, la diversification dans le domaine de la défense". Cela pourrait se traduire par la fabrication d'obus.
Chez le géant Stellantis, à l'usine de Poissy (Yvelines), les salariés ont aussi conscience des difficultés du secteur et s'inquiètent pour leur avenir. "On a tous une crainte", concède Aurélien, qui ne nie pas regarder ailleurs. "Dans la logistique, la sécurité... Je pourrais être vendeur aussi", dit-il auprès de RMC. "On peut juste espérer rebondir" confie un autre.
À Stellantis, les salariés inquiets
Ingénieur pour Stellantis, Thomas lui prend un peu de recul. "Si on prend les autres groupes, c'est les memes problematiques. C'est un secteur qui évolue très rapidement, les Chinois sont arrivés, il y a une grosse concurrence. Il faut se battre."
"La direction locale n'est pas en mesure de dire ce qui va être fait. On lui a demandé de travailler sur plusieurs projets. Il y a eu un appel de notre directeur à réfléchir tous ensemble à trouver des activités qui pourraient être développées sur le site", fait savoir Brahim Aït Athmane, secrétaire du syndicat FO métallurgiste Val-de-Seine. En attendant, la direction a assuré à ses salariés la poursuite de la production de véhicules, jusqu'au moins fin 2028.