7 mars: pourquoi une "France à l'arrêt" aurait bien moins d'impact qu'en 1995
2023 prend des airs de 1995. En décembre 1995, pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui, une réforme des retraites impactant les régimes spéciaux, la France avait été bloquée trois semaines. 28 ans plus tard, ce scénario pourrait se rejouer au vu des appels des intersyndicales dans de nombreux secteurs, notamment les transports, à cesser le travail.
Véran promet "l'apocalypse"...
En 1995, ces grèves avaient coûté 0,2 point de croissance au quatrième trimestre, soit environ deux milliards d’euros d’aujourd’hui. Mais contrairement à ce qu'a dit Olivier Veran, mercredi, pour qui "la France à l'arrêt" serait "une catastrophe écologique, agricole, sanitaire, humaine", une négligence de "la santé de nos enfants" et serait "rater le train du futur", une telle mobilisation pourrait coûter moins cher cette fois-ci qu'en 1995.
D'abord à cause d'un effet calendrier, le mois de mars est moins crucial pour l’économie que le mois de décembre, avec les fêtes de fin d'année. Mars est même un mois sans vacances, où on ne peut pas bloquer le secteur touristique. Et puis le monde a changé en 28 ans. Il y a désormais une meilleure information sur les conditions de circulation, pour les trains par exemple, ou de nouvelles mobilités urbaines pour se déplacer, comme les vélos électriques ou les trottinettes.
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... mais le monde a changé
De plus, depuis 1995, le télétravail s'est généralisé. Il est désormais possible pour presque quatre salariés sur dix. Avec le télétravail, l'impact financier des grèves sur les revenus des télétravailleurs est nul, comme l’impact sur l’activité des entreprises. En 1995, le commerce électronique était inexistant. Aujourd'hui, il représente 14% des ventes au détail. De même, la dématérialisation du courrier limite les problèmes d’acheminement et de paiement des factures. Le seul bémol étant qu'en 1995, il y avait du carburant à la pompe. Si les raffineries sont à l'arrêt et que la France est privée de carburant, cela pourrait changer la donner.
Malgré tout, il y a quand même quelques secteurs qui vont trinquer comme les commerçants de centre-ville, les hôteliers, les restaurateurs. L'impact sera aussi toujours fort sur les travailleurs essentiels, qui ne peuvent télétravailler, qui habitent en banlieue et qui travaillent en centre-ville, dont la vie sera fortement perturbée par la paralysie des transports.