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Agriculteurs: "Enfin un moment d’union nationale, on n’y croyait plus"

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Refus du Mercosur, crise des agriculteurs: la France fait front commun contre l’Union européenne, quitte à être isolée. Et pour l’écrivain et éditeur Arthur Chevallier, c’est une excellente nouvelle. C’est son avis tranché ce mercredi sur RMC.

Nous vivons enfin un moment d’union nationale. Et franchement, on n’y croyait plus. Ça fait dix ans qu’on nous répète que la France est irréconciliable, que les villes et les campagnes n’ont plus rien à se dire, qu’il y a les nationalistes d’un côté et les mondialistes de l’autre, etc. Mais tout ça, c’était avant. Pourquoi, tout à coup, sommes-nous tous d’accord? C’est la beauté de la chose: on n’en sait rien. L’union nationale, ça ne se décrète pas. C’est la France qui décide, toute seule, sans l’autorisation du président. On a connu des moments difficiles ces dernières années, mais rien n’a fait complétement l’unanimité.

Même quand il y a eu les attentats de Charlie Hebdo, on n’était pas tous d’accord, ça avait même relancé le débat sur la laïcité et la place de l’islam. Souvenez-vous aussi de l’invasion de l’Ukraine. Là encore, pas d’unité. Plein de femmes et d’hommes politiques défendaient Vladimir Poutine, comme Jean-Luc Mélenchon ou Eric Zemmour. D’ailleurs, les dernières élections législatives l’ont montré: on est tellement divisé qu’il n’y a plus une majorité et une opposition comme avant, mais carrément trois groupes différents qui n’arrivent pas à s’entendre.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Agriculteurs, l'union nationale - 20/11
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La France vit dans la division

Spontanément, on se dit quand même que la France, c’est un pays où on se dispute souvent… La France vit dans la division. Les moments d’union nationale, on en connaît très peu. Il y a eu le sacre du roi Henri IV, en 1594. C’était important puisque ça mettait un terme aux guerres de religion entre les catholiques et les protestants. Après ça, il faut attendre presqu’un siècle, l’âge d’or du règne de Louis XIV. La France gagnait toutes les guerres, elle était riche, la société était apaisée.

Ensuite, il faut attendre encore un siècle et les débuts de la Révolution française à la fin du XVIIIe. Nous sommes en 1793, toute l’Europe nous attaque. Mais on ne faiblit pas : 300.000 Français s’engagent sous les drapeaux pour défendre la République. Alors qu’on nous donnait perdant, on a "fumé" tout le monde. Et il faut attendre encore plus d’un siècle et le déclenchement de la Première Guerre mondiale pour retrouver une unité. C’est simple, jamais la France n’avait été aussi unie et enthousiaste qu’à l’été 1914. Droite-gauche-société civile-politique-militaire: tout le monde était chaud pour la guerre. Tout le monde se disait: les boches, on va se les faire et vite. Évidemment, rien ne s’est passé comme prévu, mais on a quand même gagné.

Là, on est très loin d’une guerre, et on est un peu seuls dans ce combat en Europe. Mais il y a un ennemi commun qu’on adore détester, l’Union européenne, et une cause commune qu’on adore adorer, les agriculteurs. La France est comme ça: plus elle est seule, plus elle se sent forte. Et en général, dans ces moments, on gagne à tous les coups.

Arthur Chevallier