Agriculteurs: pourquoi la mobilisation peine à s'étendre au-delà du sud-ouest

Après un début de mobilisation relativement calme, les agriculteurs de la Coordination rurale commencent à hausser le ton dans le sud-ouest. Dans le Gers, ils ont déversé ce mardi des déchets devant le siège de la Mutualité sociale agricole à Auch. À Rodez, c'est la préfecture de l'Aveyron qui a été visée. Un barrage filtrant a été mis en place au péage du Boulou pour contrôler la cargaison des camions.
À Guéret, dans la Creuse, une trentaine d'agriculteurs ont forcé et cassé, les portes de plusieurs bâtiments administratifs, avant de s'y introduire. Les locaux de l'Office français de la biodiversité ont été dégradés par des membres de la Coordination rurale.
Du retard en raison de la pluie
Si les agriculteurs de la Coordination rurale promettent "le chaos" dans le sud-ouest de la France, la protestation a du mal à prendre de l'ampleur ailleurs. Certains territoires n'ont tout simplement pas pu se mobiliser. La pluie tombée depuis cet été a fait prendre beaucoup de retard aux agriculteurs dans certaines régions.
Voilà pourquoi les départements de l'ouest ne se sont pas énormément mobilisés. Aucune action n'a par exemple été menée dans deux des quatre départements bretons. C'est un peu pareil dans l'est, et même dans le sud-ouest, dans les Hautes-Pyrénées.
"La situation est déjà mauvaise, on ne peut pas se tirer une balle dans le pied"
Des agriculteurs qui courent après le temps désormais pour terminer en urgence les récoltes de maïs, de tournesol, et les semis aussi, leur priorité du moment, avant d'aller manifester.
C'est le cas de Jérôme Charpentier, qui exploite seul 200 hectares de terre dans l'Eure et doit épandre des milliers de kilos de semence de blé. "Du fait de la météo, on a commencé très tard les semis. La situation est déjà mauvaise, on ne peut pas se tirer une balle dans le pied", assure-t-il à RMC.
Même son de cloche chez Thomas Brébion, l'exploitant voisin: "Même quand on fait signer des choses, ça n'aboutit pas. De l'espoir, il faut en avoir mais c'est compliqué". Peu d'illusions, mais pas de choix pour ces deux céréaliers: "Ce n'est pas mon kiff d'aller sur une autoroute pour bloquer tout le monde mais si on reste chez nous et qu'il ne se passe rien, tout le monde s'en fout et le gouvernement aussi".
"C'est notre avenir qui se joue", ajoute Jérôme Charpentier, qui veut croire que cette semaine était un "tour de chauffe": "Ça peut repartir bien plus fort parce qu'aujourd'hui, les poches sont vides. En raison de la mauvaise moisson, la perte cette année, c'est 500 euros de l'hectare. On est à 100.000 euros de l'exploitation".
Regain de tension la semaine prochaine?
Dans toutes ces régions, l'espoir, c'est de pouvoir boucler ces travaux dans les champs d'ici début décembre. C'est à ce moment-là que la mobilisation pourra alors prendre une autre ampleur.
La mobilisation doit continuer ce mercredi. Les agriculteurs prévoient, d'ici la fin de la matinée, de bloquer des infrastructures de fret alimentaire. Réunie ce mardi, la FNSEA a acté le lancement de la deuxième phase du mouvement la semaine prochaine, de mardi à jeudi. Toujours sur la même ligne: "Pas d’atteinte aux biens ni aux personnes".