"C'est un cercle vicieux": les demandes d'avance sur salaire explosent à cause de l'inflation

Les Français ont de plus en plus recours aux avances sur salaire. Un inquiétant phénomène directement lié au contexte inflationniste constaté par de nombreuses entreprises. La plateforme Spayr, solution de versement de salaire à la demande, évoque même une explosion de 66% du montant moyen d’acomptes débloqués par les salariés, passant de 123 euros entre juin et août 2022 à 205 euros cette année sur la même période.
Elle enregistre une augmentation de 30% d’inscription à son service. Certains travailleurs n’arrivent tout simplement plus à joindre les deux bouts, comme cette jeune nîmoise. Depuis qu’elle travaille, jamais Marion, coiffeuse de 24 ans payée au Smic, n'avait jamais demandé d’avance sur salaire. Pourtant, depuis un an, elle a dû s’y résoudre.
“J’ai eu l’augmentation de l’électricité, des problèmes de voiture… Et quand on en arrive là, qu’on a besoin d’argent et qu’on n’en a pas, il faut forcément demander un acompte”, indique-t-elle.
Au total, Marion a demandé trois acomptes sur salaire depuis environ un an. Le dernier s’élevait à 500 euros, il y a un mois. Une situation difficile pour la jeune femme. “Plus tu demandes, plus tu redemandes… C’est un cercle vicieux. Il faut faire les courses, l’essence, et tout augmente. Avant, pour faire mon plein, je mettais 40 euros, maintenant, il me faut le double ”, confie-t-elle.
Un droit du salarié
Heureusement, elle a pu compter sur sa patronne. “Elle a été très compréhensible, elle sait que c’est compliqué. Il n’y a pas de tabou par rapport à ça”, assure-t-elle.
Une explosion des demandes d’acompte depuis un an que constate aussi Jean-Christophe Sciberras, fondateur d’un cabinet de conseil spécialisé dans les ressources humaines.
“Le signal que ça donne, c’est que nos collaborateurs vivent un moment difficile. C’est plutôt un signe qu’il y a un problème social et que les hausses de salaire dans les entreprises ne suivent pas”, pointe-t-il.
L'acompte sur salaire est un droit pour tous les salariés. Il suffit d’en faire simplement la demande par écrit à l'employeur.